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BBY, le nouveau parti de Macky

TRIBUNE LIBRE
Vendredi 5 Mai 2017

PAR ABDOU FALL, ANCIEN MINISTRE D'ÉTAT


BBY, le nouveau parti de Macky
Dans un environnement politique si agité, Benoo Bokk Yakaar mérite bien attention et intérêt comme exemple réussi de partenariat politique dans l'exercice concerté du pouvoir Personne en 2012, au regard des antécédents dans les expériences de gouvernance partagée du pouvoir au Sénégal, ne pariait sur la longévité de la coalition qui dirige le pays depuis cinq ans. Pour avoir relevé un tel défi dans un contexte où l APR, parti dominant de la coalition ne s était pas donné une majorité parlementaire propre, garante de sa stabilité et de sa sécurité, le Président Macky et ses alliés ont administre' ' à la classe politique sénégalaise et africaine une belle leçon de maturité politique et de sens élevé des responsabilités.

Ce résultat est d autant plus important qu il intervient en ces moments ‎troubles ou' presque dans tous les pays, y compris dans les démocraties dites avancées , les compétitions électorales donnent lieu à des spectacles qui n honorent ni les partis, ni les hommes politiques , ni la démocratie. ‎Un simple regard sur la campagne électorale encore en cours en France, après les tempêtes de l élection américaine et du référendum britannique, suffit pour rendre compte de l état de détresse dans lequel les crises du politique et les errements de l économie sont en train de plonger les nations , dans le camp occidental en particulier ou' le modèle de démocratie représentative était considéré jusque là comme la référence absolue.

Pour être arrivé à construire un consensus durable dans un environnement politique si agité , Benoo Bokk Yakaar mérite bien attention et intérêt comme exemple réussi de partenariat politique dans l'exercice concerté du pouvoir. Ce qui atteste encore une fois de la maturité de notre pays en tant que référence démocratique. C'est pourquoi il est important de partager quelques réflexions sur les principaux facteurs ayant rendu possible ce bel acquis d un consensus qui a su autant résister à l épreuve du temps qu'aux menées déstabilisatrices de certaines composantes du groupe victorieux initial de 2012, et de certains leaders influents au sein des principales formations politiques de la majorité. ‎

En ces moments de fièvre politique caractéristique des opérations d Investitures , il est indispensable qu'une évaluation sérieuse et rigoureuse prépare cet exercice démocratique majeur au sein des partis et de la coalition de manière à ce que les logiques de carrière ne remettent en question la belle perspective d émergence inscrite dans les dynamiques de réformes économiques , sociales , institutionnelles et politiques riches de toutes les promesses . On ne le répétera jamais assez, la coalition Benoo Bokk Yakaar est le "bloc parti " gagnant parcequ'il s est donné les moyens du succès. Il ne faut jamais perdre de vue que le combat politique s'inspire toujours de la stratégie militaire.

L'organisation et la discipline sont la clé du succès sur les champs d opérations qu'ils soient militaires ou politiques. Le camp majoritaire restera gagnant tant qu'il continuera de se reconnaître dans un leadership incontesté, autour d une plate-forme programmatique minimale que le gouvernement s applique à mettre en œuvre de façon déterminée et qu'il restera politiquement adossé au "bloc parti" hégémonique qu'il constitue depuis 2012 . L'instrument politique des conquêtes électorales successives n'est ni l APR, ni l"AFP, le Ps, la LD, le PIT ou toute autre composante de Benoo. C'est le "bloc parti " Benoo qui est la force et l'outil politique de consolidation de la majorité . ‎Il convient toutefois de préciser que l'APR, parti du Président , est bel et bien la locomotive et la principale force physique de la majorité. Il a marqué son entrée dans l'histoire politique du Sénégal en réussissant , avec ses alliés en 2012, le tour de force de mettre un terme à l'hégémonie du PS et du PDS qui ont dominé la vie politique sénégalaise sur une trentaine d années .

Il serait donc tout à fait indiqué, du point de vue strictement démocratique, qu'il lui soit accordé une posture de confort et de sécurité dans la prochaine législature. Il reste cependant évident à nos yeux que l'enjeu des investitures se joue moins au sein des partis pris isolement qu'au niveau de la capacité de l'équipe dirigeante de Benoo de trouver les formules les plus adaptées permettant de croiser représentativité, légitimité, compétence et expérience afin de bâtir à partir de ces paramètres les consensus les plus larges sur les listes de candidats. À cet égard, le patriotisme de parti devra bien primer sur les logiques de carrière individuelle. Et la sauvegarde de l'unité, la cohésion et la discipline au sein du bloc majoritaire pour assurer la poursuite des réformes dans la stabilité doit largement prévaloir sur les intérêts partisans, étant entendu qu'aucun parti ou bloc de partis ne peut se soustraire aux contraintes des recompositions et reclassements en cours dans l espace politique de nos jours.

Et c est précisément l'avantage comparatif de Benoo dans sa capacité de rester un bloc soudé autour d'un socle solide de partis dominants qu'il convient de préserver à tout prix en améliorant cependant les mécanismes de concertation et les procédures de décisions en son sein. Notre pays est mur pour des consensus et des partenariats politiques de nouvelle génération. Au delà des équilibres à sauvegarder à travers des investitures qu il faut effectuer sous le sceau de la responsabilité, il y a bien lieu que Benoo travaille sur un "contrat de législature" de nature à contribuer significativement à la réconciliation entre l élu et le citoyen. Les partis et mouvements politiques de l'avenir sont précisément ceux qui travaillent sans cesse à fournir une offre politique toujours plus attractive par la prise en charge en particulier des fortes attentes Citoyennes sur les questions de gouvernance , d'éthique de gestion et les missions et rôles des mandants qu'ils se désignent.

On ne peut plus faire l'économie d'un débat de fond sur la démocratie représentative telle qu'elle s'est imposée comme modèle de référence au sortir de la deuxième guerre mondiale en accompagnement au développement fulgurant de l économie de marché ayant abouti aujourd'hui à une mondialisation de tous les déséquilibres. ‎Ce modèle est manifestement arrivé à bout de souffle en ce qu'il n'est plus , aux yeux du citoyen, porteur de ses aspirations pour une société prospère et de justice sociale dont les partis et les hommes politiques sont censés être les porte-étendards. Considérant que ni la démocratie telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, ni l économie telle qu'elle marche de nos jours ne sont au service premier du citoyen et de la communauté, donc du plus grand nombre, la tendance est à la défiance vis à vis des partis, des hommes politiques et des élites économiques et sociales de manière générale.

Nous avons une démocratie à réinventer et un nouveau modèle de croissance partagée à construire. Le Sénégal est incontestablement sur cette tr‎ajectoire. Nos pays, n ayant pas encore achevé de bâtir leurs fondamentaux, l'exercice d une démocrate participative, coopérative et inclusive qui nous éloigne des logiques de tensions et de conflits correspond parfaitement à l'esprit des réformes en cours de notre système démocratique. C'est pourquoi il est du devoir impérieux de la classe dirigeante au pouvoir de travailler ‎à nourrir et entretenir le profond désir d'unité qui a rendu possible cette belle expérience d entente politique salutaire pour la stabilité du Sénégal et de ses institutions. Il convient de souligner , sous ce rapport, que dans un contexte historique où des groupes non-étatiques disposent de moyens de violence comparables parfois à ceux des états, notre pays est sans conteste parmi les pôles majeurs de stabilité sur notre continent, en particulier dans notre environnement sous régional traverse' par des convulsions qui appellent à des urgences de coopération et de solidarité.

Ce sont là quelques uns des défis majeurs qui interpellent le Président Macky Sall, son gouvernement et sa majorité, au-delà la classe politique dans son ensemble. C'est à travers cette grille de lecture qu'il convient d'appréhender les actuels enjeux politiques et électoraux pour mesurer toute la portée de l appel du Président de la République, leader de la coalition Benoo Bokk Yakaar pour des investitures de responsabilité et pour une démocratie apaisée. Abdou Fall est un ancien Ministre d État, membre du Secrétariat National de m'Alliance pour la République (APR), et président du mouvement Alternatives Citoyennes Andu Nawlé.

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