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C’est qui le «saï-saï» ?

TRIBUNE LIBRE
Lundi 7 Janvier 2019

Par Demba Ndiaye, seneplus

Tous les "saï saï" du pays, levez-vous pour défendre le sens et l’intégrité de votre expression moqueuse préférée, contre les faux dévots et autres "intégristes" du langage

Voilà un pays de grands pêcheurs devant l’éternel, qui aiment pourtant plus que tout, jouer aux vierges effarouchées et autres puritains d’occasion, des jours saints de vendredi et dimanche. Une recherche désespérée de vertus improbables et de contritions mortifères pour des péchés qu’aucune confession ni « Wird » ne peut absoudre..
Ainsi donc, pour une des  expressions les plus populaires et plus usitées par toutes les catégories sociales de notre pays, quelques auto-proclamés défenseurs des valeurs, et par ricochet, « bodyguards » d’un président qui serait atteint par les goujateries linguistiques de jeunes (pas, plus, si jeunes que ça du reste) rappeurs.

« Saï saï  » ! Ou « Saay saay » ! Une diversité orthographique à l’image de ses significations kaléidoscopiques. Selon mes interlocuteurs, l’orthographe, se délite, se déroule comme du reste ses différentes significations, diverses et variées, affectueuses et singulièrement humaines. Ainsi, « saÏ saÏ » ou « saay saay », peut signifier (en Ouolof, comme en Pulaar - on ignore l’origine ethnique du mot, parait-il - bandit, voyou, crapule, coquin, vicieux...ou, « taquin, espiègle, boute-en-train, gentil, voyou... ». Où est l’Insulte là-dedans ? Où se nicherait donc le manque de respect au président ou à qui que ce soit du rester à l’encontre de qui on destinerait cette expression de...familiarité ? Quand par ailleurs, à longueur de journée on débite des saletés sur nos mères et pères, sans que cela n’appelle une « fatwa » réparatrice.
Que celui qui n’a jamais utilisé l’expression dans de multiples situations et postures, à l’endroit de multiples destinataires selon vos rapports, que celui-là donc lève sa main mensongère ! Dans vos salons ou grands-places, dans vos confidences salaces et autres goujateries, vous n’avez donc jamais dit ; « qui moy saï saï » ? « Oko saay saay » ? Indécrottables hypocrites ! Vous dites et prononcez cette expression plusieurs fois dans la journée, avec un accent de tendre affection aux antipodes de diatribes haineuses...
Parce que voyez-vous, cette expression, quand on y réfléchit, n’est utilisée que dans des moments de tendres plaisanteries, mais rarement (voire jamais ) dans des moments de colère. L’insulte ne la qualifie pas, au contraire. Remémorez-vous : quand votre père, mère, grand-père ou mère, ou même votre « Sérigne » (marabout, oui ça arrive) vous dit « yay saï saï », c’est toujours en riant, de manière taquine, jamais dans des situations de colère. Vous aussi, quand vous le dites à votre enfant, c’est toujours avec une caresse sur la joue, ou une petite tape sur les fesses. Où est la haine, ou l’injure,  ou le mépris là-dedans ? Aucune indulgence envers ces psychorigides et autres faux-culs qui veulent jouer aux censeurs.

J’ai même lu et entendu, des attardé(e)s politiques, monter sur leurs grands chevaux et lâcher des brides d’imbécilités du genre « le président est une « institution, dire de lui qu’il est saï saï, c’est insulter l’institution qu’il incarne » ! Et de demander au Procureur de la République de s’autosaisir contre les rappeurs, auteurs de cette merveilleuse chanson de ...lèse-majesté ! Quand l’inculture politique s’accouple avec le crétinisme partisan, la progéniture qui en est issue, ne peut être incontestablement, que déficience mentale. Le Procureur de la République n’a pas d’autres dossiers autrement plus importants socialement, à ouvrir que d’aller à la chasse au vocabulaire populaire. Évidemment, châtier les expressions populaires, fussent-elles outrancières, bien de chez nous, est sans doute plus courageux que de s’attaquer aux vrais profanateurs des valeurs : les voleurs des deniers publics.
Dans un pays qui vit sous perfusion et dans une « tension financière » de longue durée, enfin reconnue, le Procureur de la République devrait plutôt s’occuper des 29 milliards du Prodac, des 90 milliards qu’un ancien des impôts et domaines aurait escamotés, ou bien, demander au président de la République, de lever son lourd coude, des dossiers de ceux qui ont pillé nos maigres ressources quand ils étaient ensemble dans les différents gouvernements de Me Wade, et qui sont venus trouver refuge dans ses prairies. Décidément, le ridicule ne tue pas ! Il faut être vigilant, car, plus on va s’approcher de l’échéance du 24 Février, plus fébriles ils seront, plus de conneries diverses ils sortiront. Pour nous embrouiller les neurones et réussir leur projet de hold-up électoral, pour un « coup ko »  au premier tour.

Allez, (tous les ) « saï saï » du pays, levez-vous pour défendre le sens et l’intégrité de votre expression moqueuse préférée, contre les faux dévots et autres « intégristes » du langage. Parce que nous avons des « convictions républicaines » et que non seulement nous avons le « pays au cœur » mais aussi « à cœur ». Il faut démystifier les faussaires du sens ; les adeptes du « parti sur la patrie », « l’indécence contre la vertu », la gabegie envahissante, contre la « sobriété » promise...dans une autre vie. Parce que voyez-vous, ils sont convaincus que nous avons la mémoire courte et que, de leurs promesses et professions de foi de 2012, nous n’en avons aucun souvenir...
 

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