
La convocation du chroniqueur Badara Gadiaga par la Division de la cybercriminalité continue de susciter une vague d’indignation au sein de l’opinion publique. Parmi les voix qui s’élèvent, celle de l’homme politique Thierno Bocoum tranche par sa virulence. Dans une publication largement partagée sur les réseaux sociaux, il dénonce une tentative d’intimidation visant à museler les voix dissidentes au sein du débat démocratique sénégalais.
« Convoquer Badara aujourd’hui, c’est simplement chercher à faire taire une voix dissidente », écrit-il, assimilant cette action à une dérive liberticide orchestrée par un régime qu’il qualifie de « dangereux par son incompétence et sa méchanceté ».
Thierno Bocoum fait notamment référence à une ancienne sortie polémique d’un juriste membre de Pastef, qui avait interprété la condamnation de l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko, pour corruption de la jeunesse, en la comparant à une relation commerciale entre un client et une prostituée. Pour lui, cette déclaration, profondément choquante, aurait dû être au centre du scandale, et non le fait de l’avoir rapportée ou commentée, comme l’a fait Badara Gadiaga.
« Ni le juge dans son verdict, ni l’article 324 du Code pénal ne justifient une telle analogie », rappelle-t-il, accusant certains acteurs du pouvoir de salir eux-mêmes l’image de leur leader.
Il dénonce une justice sélective, pointant la différence de traitement entre ceux qui diffusent des idées problématiques de l’intérieur du pouvoir et ceux qui s’en font l’écho à l’extérieur.
Cette affaire intervient dans un climat de tension croissante entre le gouvernement et certains médias, chroniqueurs et intellectuels, régulièrement convoqués ou ciblés pour leurs opinions. Thierno Bocoum s’inquiète d’un rétrécissement de l’espace démocratique au Sénégal et appelle à la mobilisation citoyenne.
« Le Sénégal ne deviendra pas une dictature. Ce pays restera une démocratie. Ils ne nous laissent aucun autre choix que de leur faire face », conclut-il.
Alors que Badara Gadiaga est attendu ce mercredi 9 juillet à la Cybercriminalité, cette nouvelle convocation soulève des interrogations sur la liberté d’expression, le rôle des réseaux sociaux dans le débat public, et la ligne rouge entre critique légitime et offense supposée. L’affaire promet de faire couler encore beaucoup d’encre.