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Hommage à Mohamed Dione : Adieu Grand Frère ! (Par Mamadou NDIAYE)

TRIBUNE LIBRE
Dimanche 7 Avril 2024

Hommage à Mohamed Dione : Adieu Grand Frère ! (Par Mamadou NDIAYE)
À l'annonce de la mort brutale de l'ex-premier ministre du Sénégal,  j’ai eu mal au cœur. Mon âme a été touchée de plein fouet à l’annonce du décès de Mohamed Boun Abdallah Dione. J’ai senti le vide. J’ai senti qu’au fond de moi quelque chose d’unique, d’irremplaçable, était en train de se dérober. À jamais. Pour toujours. Cet homme, je l’ai connu en 2013. Après la publication de ce papier sur dakaractu (voir le lien posté), il m'a appelé. Nous avons sympathisé  et depuis lors nous sommes restés de vrais potos.

http://www.dakaractu.com/Depart-annonce-d-Abdoul-M-baye-Mohamed-Dione-pressenti-aux-commandes-de-Macky-3_a39129.html


Dès que ce "mouride sadikh" m’a connu, il m’a pris de sympathie. Et chaque fois qu’il me revoyait, après un temps d’absence de son lieu de résidence au cœur du Plateau,   il me souriait. Ce sourire immaculé et entraînant, qui vous tire, qui vous attire et vous met aussitôt en totale confiance. De sorte que vous trouvez vite, très vite, le courage, l’assurance nécessaire pour discuter, échanger, converser librement autour de tout. De sujets graves. De sujets légers. Il savait avancer dans la conversation à visage découvert. Et s’empressait toujours de faire tomber les barrières hiérarchiques, qu’il pouvait de loin sentir traîner dans vos propos, dans vos paroles. 

Il vous mettait à l’aise. Vous n’étiez jamais, devant lui, un valet ou un voyou, un quidam ou un fakir. Vous étiez avant tout une créature comme les autres. Qui a, en elle, une part de dignité, et que lui, se faisait un point d’honneur de valoriser. Avec son sourire inimitable. Ce sourire en voie de disparition dans les réflexes des " géants" de ce monde d’aujourd’hui. Dans les réflexes des grands porteurs d’opinions, des voix qui comptent, aujourd’hui.

Je le regardais comme un vrai pair. Oui, Dione était mon père et mon pair. Il aimait descendre à mon niveau (qui était tellement bas) pour me parler comme un alter ego. Comme un égal.  Il m'appelait toujours "Petit Frère" et je l'appelais "Grand Frère"

Mon Grand Frère était d’une très grande élégance. Il était élégant, oui, et il avait aussi de l’allant. Et il avait aussi de l’allure. Il transpirait le goût sans jamais en forcer la présence, dans le tracé de son éloquence légendaire. Tout dans son style s’imposait, mais très naturellement, à l’œil de son vis-à-vis. Le charisme lui collait à la peau. Et elle devait être une de ses plus grandes alliées, celle avec laquelle il est venu du " lointain intérieur" (je dévalise le poète belge Henri Michaux). Cet homme-là était, à n’en pas douter, une pépite humaine, comme on en voit rarement. Vu de l’extérieur, il rayonne sous l’éclat sublime de la vertu. Scruté, il devient une fontaine de lumière qui vous fait finalement détester la nuit des bassesses et des obscénités. Lumière en dehors et en dedans…  

J'ai des larmes en écrivant ces lignes car je me souviens de nos rencontres fraternelles. Que ce soit à la Primature  (à l'époque en face de  l'APIX), où au Petit Palais sinon dans sa résidence sise à un jet de pierre de l'assemblée nationale. 
À chaque fois que je recevais son sms ou son appel pour une entrevue fraternelle, je courais, toutes affaires cessantes, pour aller le retrouver. La dernière en date remonte à ,quelques semaines précisément à quelques jours du début de la récente campagne électorale pour la décisive Présidentielle.

Une fois devant lui, il m’emmitouflait alors de son grand sourire séraphin, et, ce faisant, discutait avec une tendresse toute cordiale, fraternelle... Ces instants font partie de ceux qui ne s’effaceront jamais de ma mémoire. Peut-être même après la mort. La mienne propre. 

Grand Frère, de là où vous êtes,  sachez que votre décès a plongé dans le deuil la grande famille "Apériste", particulièrement votre mentor et ami (le Président Macky Sall que vous portiez en  haute estime).
Figurez-vous Grand Frère que c'est avec abattement que les Sénégalais ont appris votre perte.

Grand Frère, vous  avez su diriger avec abnégation l’action du gouvernement et, à ce titre, fixer sans tambour ni trompette  ses orientations politiques essentielles. 
Grand Frère, je vous dois fière chandelle.
 
Je serais ad vitam æternam reconnaissant pour vos conseils francs et votre généreux mentorat à mon égard. 
Je garde le souvenir d’un homme généreux, passionné et profondément attaché au Sénégal que vous aimiez d'un amour qui arrache les larmes pour paraphraser feu Sembène Ousmane.


Le Sénégal a perdu un personnage historique et nous pleurons votre mort Grand Frère. Je garde de vous l'image d'une autorité qui a  toujours placé  l’essor à long terme du Sénégal au cœur de son service public.

Big brother., vous étiez  un ami , un grand frère  extraordinaire, d’un type rare en politique. Beau temps, mauvais temps, tous ceux qui vous ont côtoyé s'accordent à dire qu' un appel de votre part  remontait le moral .

En un mot, comme en mille, je suis  attristé du décès de mon grand frère, un politicien dont le  profond humanisme  m’a marqué.
Mohamed Dione,  c’était un homme qui aimait profondément son pays et qui s’y dévouait en dépit de son état de santé chancelant. C’était un  homme d’État au sens noble du terme, impliqué en politique toute sa vie, et qui a  certainement fait sa marque comme premier ministre.

Grand Frère, merci d'avoir été  un mentor exceptionnel. Ce fut un honneur de pouvoir compter sur votre expérience hors du commun et sur la grande sagesse qui vous caractérisait si bien.Merci pour vos conseils avisés.
 Je garde de mon regretté Grand Frère, l'image d'un mortel  dépositaire d’une haute éducation de la sobriété, qui ne se faisait jamais prier de garder la mesure et d’aller en toute circonstance vers l’essentiel. Bref, un homme digne  est parti. C'est donc ce Grand Monsieur qui m’a lâché  sur la grande et obscure route de cette pauvre vie. Précisément au bord de l’abîme. Je me sens seul. Je suis perdu. Je ferme les yeux pour ne pas voir mes larmes humilier ma capacité de résistance. Non, je ne suis pas triste. J’ai seulement peur. Peur de la nuit noire. Peur de me savoir laissé à moi-même, dans une totale incapacité de faire face au vide immense laissé par sa douce main, qui se promenait paternellement sur ma tête.  
Adieu, cher Grand Frère. Et que les anges vous couvrent pour l’éternité d’un commun sourire plus ardent que celui par lequel vous m’aviez souvent accueilli.

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