Menu


Jérusalem déchirée entre joie des Israéliens et sentiment d'abandon des Palestiniens

INTERNATIONAL
Lundi 14 Mai 2018

L’ambassade américaine est transférée à Jérusalem, lundi 14 mai. Pour les uns, c’est la reconnaissance du lien historique qui lie les juifs à la ville sainte. Pour les autres, un nouveau signe d’abandon. Reportage dans une ville scindée en deux.


Jérusalem-Ouest. L’ambiance est à la fête. L’ambassade américaine est inaugurée, lundi 14 mai, dans la ville trois fois sainte. Cadeau de Donald Trump à l’occasion du 70e anniversaire d’Israel, ce déménagement symbolise pour les Israéliens la reconnaissance historique de Jérusalem comme capitale.

"Jérusalem a toujours été la capitale et la ville la plus sainte du judaïsme. C’est là qu’Abraham était prêt à sacrifier son fils pour Dieu, c’est là que le temple a été construit. C’est là que nous sommes en connexion directe avec Dieu", expliquent avec la même foi Ora et Gadein Israel. Originaire de Ramat Gan, en banlieue de Tel Aviv, le couple était à Jérusalem le 13 mai pour célébrer cette ville qu’il porte dans son cœur.

Comme eux, ils étaient plusieurs milliers d’Israéliens à affluer de tout le pays pour le "Jerusalem day", célébration annuelle de la conquête de Jérusalem lors de la Guerre des Six-Jours, en 1967. Cette année-là, "les juifs sont revenus à Jérusalem, ils ont unifié la ville, alors c’est un jour très important. C’est une journée vivante qui prouve ce que nous avons accompli", se réjouit Joseph Ackerman.

 

 

Ce père de famille de 29 ans est venu avec sa femme, Moriah, et leurs trois enfants de la colonie de Psagot, à proximité de Ramallah, en Cisjordanie. Un lieu qu’ils ont choisi pour "son air frais", le jardin qu’ils ne pourraient s’offrir à Jérusalem et parce que c’est "leur pays". Mais leur attachement à Jérusalem où ils ont grandi est tel qu’ils ont nommé leur dernière fille Yovel – jubilée en hébreu – car elle est née en 2017, l’année des 50 ans de la réunification de la ville. "Jérusalem, c’est 2 000 ans d’histoire du peuple juif. C’est le même sol, les mêmes prières, la même Bible. C’est ce qui nous définit", explique Moriah.

Une "reconnaissance du lien historique"

Les Israéliens sont nombreux à penser que le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem est une reconnaissance de ce lien millénaire entre les juifs et la "Terre promise". "Tant que l’ambassade était à Tel Aviv, le seul État reconnu internationalement était celui créé par les Nations unies en 1948. On nous voyait comme des colons venus là à cause du traumatisme de l’Holocauste. Mais là, c’est une reconnaissance d’un droit du sol lié à notre histoire. On admet enfin que les juifs soient retournés sur leur terre parce que c’est notre histoire", explique Gadein Israel

"Et déménager l’ambassade c’est aussi reconnaître que Jérusalem est une ville unie, qui n’est pas scindée en deux, ni séparée par une sorte de mur de Berlin. Et en reconnaissant l’unité de Jérusalem, la solution à deux États devient aussitôt caduque", poursuit-il.

Une ville unie ? Pour ces Israéliens qui manifestent leur joie devant la porte de Damas, l’entrée menant au quartier musulman de la Vieille ville, le passage du tramway qui relie l’Est à l’Ouest en est la meilleure preuve. De fait, la ligne de démarcation qui séparait l’ouest de Jérusalem, sous l’autorité israélienne, et l’Est, sous autorité jordanienne, a disparu depuis 1967. La ligne de tramway est empruntée quotidiennement par des Israéliens et des Palestiniens, qui sont de plus en plus nombreux à travailler à l’Ouest.

"Jérusalem est aux Arabes !"

Pour autant, lorsqu’on traverse l’avenue Heil Hahandasa qui sépare les deux parties, on passe dans un autre monde. Sans liesse, sans joie, sans droit. Le "Jérusalem day" est perçu comme une provocation de plus, le transfert de l’ambassade comme la validation de l’occupation israélienne.

Pour les Palestiniens, l’ambiance à Jérusalem n’a pas été aussi tendue depuis juillet 2017, lorsque les Israéliens ont voulu installer des portiques électroniques à la porte de Damas. L’air est chargé de cette ambiance des jours mauvais, où il suffirait d’une étincelle pour faire partir le feu. Le 13 mai, plusieurs Palestiniens ont été arrêtés ; toutes les rues qui mènent à la porte de Damas ont été bloquées. Selon la presse palestinienne, deux activistes palestiniennes y ont été frappées par la police israélienne, alors qu’elles criaient "Jérusalem, capitale de la Palestine".


Nouveau commentaire :

POLITIQUE | ECONOMIE | SOCIETE | CULTURE | SPORT | INTERNATIONAL | PEOPLE | TV & RADIO | TRIBUNE LIBRE | CONFIDENTIEL | COUP DE COEUR | COUP DE GUEULE | PORTRAIT | LETTRE DU JOUR | VU SUR FACEBOOK | FAITS DIVERS | INSOLITE | ILS ONT OSE LE DIRE | MEDIAS | EDITORIAL | COMMUNIQUE | NECROLOGIE | PUBLIREPORTAGE | NTIC | SANTE | JUSTICE | DIPLOMATIE | DIPLOMATIE | GUEST EDITORIALISTE | ENVIRONNEMENT | INSTITUTIONS | RELIGION | EDUCATION | AGRICULTURE | PAROLE DE CAMPAGNE | Antivirus, la chronique d'Abdoulaye Der | COVID-19 | KEEMTAAN GI | Echos des Locales 2022