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La Diplomatie Sénégalaise à l’épreuve des Pétrodollars : les dangers d’un duel fratricide

TRIBUNE LIBRE
Mardi 20 Juin 2017

Par Magatte DIAW
REWMI Thiès



 
La révolution est définie comme étant le renversement d’un régime par son peuple.

Elle doit être  synonyme d’une évolution des mentalités et d’une volonté de prendre en main son destin afin d’améliorer les conditions de vie de la masse.

Mais cet idéal, n’est qu’illusion car les objectifs sont  rarement atteints, la révolution constitue toujours la rivalité entre deux ou plusieurs puissances étrangères dans un pays tiers, pour l’expansion de leur aire d’influence idéologique, économique, territoriale, militaire.

Ceci engendrant par la suite : soit une guerre civile, soit des séries d’exécutions et de massacres, mais dans tous les cas,  le pays tombe souvent dans une spirale de violences.

Et les soi-disant Etats développés ne sont pas les mieux placés pour nous faire la leçon. Car après les années lumières de la révolution de 1789 en France s’en était suivi des années terribles d’exécutions politiques (Robespierre, D’Antan, Du Moulin, Louis XVI….)  causées par l’ingérence des monarchies britanniques et autrichiennes voulant étouffer l’esprit de liberté qui gagnait l’Europe.

La révolution américaine a réussi grâce au soutien militaire ouvert de la France contre l’empire britannique avec le déploiement des troupes du général Lafayette en Amérique.

Nombreux sont les exemples ; la révolution espagnole de Franco soutenue par Hitler en 1936, la 1ere révolution russe de Février 1917 ou Lénine était soutenue par l’Allemagne contre le Tsar, Aujourd’hui, ce début de décennie, est  marqué par le printemps arabe qui n’en finit pas avec ces manifestations et contre-manifestations  en comptant ses morts.

Cette situation complexe est due à l’arrivée de deux nouvelles puissances rivales dans la géopolitique mondiale: les pétrodollars de l’Arabie Saoudite et du Qatar. Ces deux monarchies sunnites partagent la même idéologie islamiste : le Wahhabisme.  Cette doctrine qui rejette toute interprétation du Coran et de la sunna qui diffère de celle du sens littéraliste. Les wahhabites interdisent l'invocation des saints, selon eux, l'islam devrait être ramené à sa forme originelle ils rejettent tous les autres courants de l'Islam qui ne suivent pas scrupuleusement leurs dogmes. D’où l’intervention militaire du Qatar  au côté de l’OTAN pour éliminer le régime de Kadhafi  qui préconisait un Islam  soufi basée sur l’acceptation des saints et l’adaptation de l’Islam à la modernité, d’où aussi le soutien financier et militaire du Qatar aux islamistes d’Ansar Dine pour la destruction de mausolées, de manuscrits, de livres sacrés et de tombeaux des saints à Tombouctou au Mali. Ceci présageait que le Sénégal de par ses multitudes confréries pouvait être la prochaine étape  des destructions de lieux saints.
 De ce fait  la participation du Sénégal à l’intervention militaire au Mali était impérative et le renforcement de la sécurité sur nos frontières est une nécessité. Car, la course à l’hégémonie sur le monde musulman sunnite de ces deux puissances est sans limite, en atteste la bataille à distance qu’elles se livrent en Syrie, en Egypte et en Tunisie. L’Arabie Saoudite, craignant les idéaux de démocratie, a toujours soutenu les dictatures militaires contre les révolutionnaires arabes : Saddam Hussein contre la révolution Iranienne de Khomeiny, Moubarak contre les frères musulmans après l’assassinat de Sadate en Egypte et Ben Ali en Tunisie.

De ce fait La montée au  pouvoir  des frères musulmans d’Ennahda en Tunisie et l’élection de Morsi en Egypte constituaient  une victoire du Qatar qui  a donné un appui financier aux partis politiques islamistes pour preuve, durant son exil, le chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, se trouvait à Doha alors que beaucoup de pays de la Ligue arabe lui fermaient leurs portes pour ne pas froisser le régime de Ben Ali. Ce dernier a immédiatement reçu l’asile politique en Arabie Saoudite après l’effondrement de son régime sous le poids des protestations populaires. Le Qatar apporte aussi un soutien militaire aux rebelles syriens, choisissant le peuple en majorité sunnite contre le régime alaouite de Bachar el-Assad, obligeant Damas à appeler l’Arabie saoudite pour imposer de la modération et enfin un soutien médiatique du Qatar à travers une large couverture des événements du printemps arabe  par la puissante chaine de télévision qatari Al jazzera,  après avoir installé des antennes dans ces différents pays. Cela n’était pas un hasard lorsque les rumeurs d’il y’a deux ans de la  prochaine ouverture d’une antenne francophone d’Al jazzera à Dakar a rencontré l’opposition niet des français par l’entremise du groupe France 24/TV5 prétextant détenir l’exclusivité de l’information internationale francophone au Sénégal, car étant conscients de sa capacité de déstabilisation et du danger qu’elle représente.     

La réplique saoudienne n’a pas tardé, avec le renversement du Président Morsi en Egypte par le général Assisi soutenu par Ryad qui tout de suite après avait débloqué 5millions de dollars d’aides pour le nouveau régime mis en place par l’armée. En Tunisie par l’assassinat de l’opposant Mohamed Brahimi soigneusement imputé aux islamistes soutenu par Doha pour déstabiliser la coalition, déclenchant de fait la grève du plus grand syndicat de Tunisie et la protestation populaire pour la chute des frères musulmans et de leur parti Ennahda. Au Sénégal,  réduisant considérablement le quota des pèlerins devant se rendre à la Mecque en 2013 en guise d’avertissement après la visite du Président Macky Sall au Qatar parti à la recherche d’investisseurs. Le malheur en est que ce duel fratricide se passe sous les yeux des grandes puissances occidentales tenues en respect d’une part par les intérêts pétroliers Saoudiens dont les immenses réserves sont supérieures au cumul des réserves irakiennes et iraniennes et conscientes des conséquences désastreuses d’un éventuel choc pétrolier sur l’économie mondiale.

D’autre part muselées par la parfaite stratégie d’investissement étranger du Qatar, dans l’immobilier, les activités portuaires avec DP World, les bourses (CAC 40 de Paris, Footsie de Londres, New York Stock Exchange), et tout dernièrement dans le sport particulièrement le football ( Qatar Fondation avec le FC Barcelone, Emirates avec le Réal, Arsenal, Milan AC,  Etihad avec Manchester City et tout dernièrement le rachat du PSG en France).

Par ailleurs,  afin de parer à toute réaction ou intervention  iranienne, russe et chinoise les deux monarchies du golfe abritent chacune d’elle une base militaire américaine sur leurs sols et la plus importante flotte armée des Etats Unis surveille en permanence le détroit d’Ormuz au large des côtes saoudiennes et qataris.

Le Sénégal, membre très influent de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) constitue un allié privilégié dans la course au leadership du monde musulman Sunnite que se livrent l’Arabie saoudite et le Qatar.
D’où la nécessité pour les tenants du pouvoir Sénégalais de faire usage d’une diplomatie très subtile et prudente qui doit nécessairement allier trois fondements:
1.        ouverture économique, (accueille d’investisseurs potentiels arabes)
2.        intransigeance politique  (non-ingérence des pétrodollars dans les affaires internes du Sénégal)
3.        réarmement dissuasif (renforcement de nos capacités militaires pour parer à toutes éventualités).
Par conséquent dans le cadre de notre politique étrangère certaines décisions diplomatiques ne doivent pas être hâtives ni précipitées elles méritent une réflexion et réserve extrême de la part de notre gouvernement.
 

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