Poursuivi pour extorsion de fonds, détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux, Lat Diop était incarcéré depuis le 26 septembre 2024 sous mandat de dépôt.
Cette décision marque un nouveau tournant dans une affaire judiciaire qui continue de secouer le pôle financier du tribunal de Dakar.
Retour sur une bataille judiciaire complexe
Lat Diop, placé sous mandat de dépôt depuis le 26 septembre 2023, est poursuivi pour détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux et extorsion de fonds, pour un préjudice estimé à plus de 8 milliards de FCFA. Il est au cœur d’une vaste enquête anticorruption.
Mouhamed Dieng, le patron de 1Xbet, son accusateur avait déclaré, lors de son audition, avoir remis plus 5 milliards de FCFA à l’ancien Dg de la Lonase. Une somme qu’il tirait de ses propres commissions. Poursuivant ses accusations, le patron de 1Xbet a fait savoir aux enquêteurs que c’est probablement avec cet argent que l’ancien ministre des Sports s’est procuré beaucoup de biens au Sénégal et même une maison à Grenoble en France.
La Cour suprême avait annulé une précédente décision de la Chambre d’accusation financière qui lui avait accordé une liberté provisoire. Ce revirement faisait suite à un pourvoi du parquet général, déterminé à maintenir l’ancien proche du pouvoir en détention.
Le Sénégal condamné par la Haute Cour de Justice de la CEDEAO
L’État du Sénégal avait essuyé un revers important le 9 mai 2025, avec une condamnation prononcée par la Cour de justice de la CEDEAO dans l’affaire concernant Lat Diop.
L’avocat de ce dernier, Me El Hadj Amadou Sall, avait indiqué que « la Haute Cour de Justice de la CEDEAO a jugé que les droits d’aller et de venir de Lat Diop ont été violés par l’État du Sénégal ».
En conséquence, le pays a été condamné à verser quatre millions de francs CFA à titre de dommages et intérêts à Lat Diop, actuellement détenu.
Une nouvelle enquête en parallèle
Parallèlement à cette procédure, Lat Diop avait été extrait de prison pour être entendu par la Division des investigations criminelles (DIC) dans le cadre d’une opération immobilière présumée frauduleuse. Ce nouvel épisode pourrait ouvrir un second front judiciaire pour l’ancien patron de la Lonase.
Malgré les revers judiciaires, la défense de Lat Diop continue de multiplier les recours. Cette nouvelle demande de liberté provisoire, finalement acceptée, s’inscrit dans une stratégie de repositionnement judiciaire, alors que les charges restent lourdes et les enquêtes en cours.
La mise en liberté provisoire de Lat Diop sous bracelet électronique ne signifie pas la fin de ses ennuis judiciaires. Elle relance toutefois le débat sur la gestion des dossiers politico-financiers au Sénégal et sur l’usage du bracelet électronique comme alternative à la détention préventive.
Lat Diop, un haut fonctionnaire originaire de Guédiawaye
Responsable politique de l’Alliance pour la République (APR) à Guédiawaye, Lat Diop est une figure bien connue de l’administration sénégalaise. Ancien Directeur de l’Investissement et du Financement Extérieur, il a occupé plusieurs postes stratégiques au sein de l’État.
Après l’obtention de son baccalauréat, Lat Diop intègre l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), où il décroche une licence en droit, suivie d’un master en droit des affaires. En 2000, il est admis à la prestigieuse École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM), dont il sort diplômé en tant qu’administrateur civil.
Sa carrière débute au Ministère de l’Intérieur, avant qu’il ne rejoigne le Ministère de l’Économie et des Finances en tant que Directeur de l’Investissement. Il est ensuite nommé Directeur de la Coopération et des Financements Extérieurs au Ministère du Budget, où il joue un rôle clé dans la mobilisation des ressources pour le développement du Sénégal.
Lat Diop a également siégé en tant qu’administrateur à la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) et a été gouverneur suppléant pour le Sénégal au Fonds Monétaire International (FMI), renforçant ainsi son profil à l’échelle régionale et internationale.
