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Le palais de la République : un repaire de sordides comploteurs

TRIBUNE LIBRE
Mardi 30 Juillet 2019

« Il n’y a pas pire pour un pays que des autorités qui mentent publiquement »

C’est totalement désemparés et profondément déçus que nos compatriotes assistent impuissants à la banalisation outrancière voire à la désacralisation du palais de la république, siège de notre souveraineté nationale et du pouvoir légitime du peuple. Jamais de mémoire de Sénégalais, ce haut lieu de la république n’a été autant agressé et souillé dans sa majesté, sa solennité et sa dignité que pendant le magistère de l’actuel locataire qui, par ses comportements inconvenants et son laxisme excessif, a fini par en faire un lieu où s’exprime et se manifeste un prosaïsme affligeant et déshonorant. Cette situation est la résultante d’un phénomène qui a commencé par l’envahissement massif et intempestif du palais par différentes hordes de militants de l’APR qui, sans retenue ni discernement, mettent à profit la moindre occasion, même la plus futile, pour se rendre au palais. Et quelquefois, sous le prétexte le plus fallacieux, ils y sont convoqués par le maitre de céans qui, malheureusement et souvent, perd de vue les devoirs de ses charges publiques et ses responsabilités républicaines et nationales.

Le palais de la République a été le lieu et le témoin de faits et de situations malheureux qui n’auraient pas dû s’y produire. On y a assisté à des scènes de pugilats dignes des plus grandes affiches de luttes avec frappe, à des échanges tumultueux d’invectives, d’insultes et d’injures  les plus ignominieux entre responsables de très haut niveau de l’APR ; et tout ceci, en présence du président de la République qui, dans la plupart des cas, n’a jamais su adopter ni avoir la réaction attendue d’un vrai chef. Certains diraient qu’il n’a jamais osé prendre ses responsabilités. Avec Macky Sall, le palais de la République a perdu beaucoup de sa superbe, de sa noblesse de son lustre et de son mythe d’antan ; encore qu’il faille, en toute objectivité, reconnaitre que cela a commencé sous le magistère d’Abdoulaye Wade. Ne dit-on pas qu’il n’y a de pouvoir que dans et par le mystère ?

L’image que donne le palais de la république n’est que le reflet de la personnalité du maitre des lieux. Aussi, me plait-il de reprendre les mots de Souleymane Jules Diop qui, pertinemment disait ceci « Macky est un homme faible, sans caractère, incompétent et sans épaisseur intellectuelle ; voter pour lui c’est élire Marième Faye ». Malheureusement les Sénégalais n’ont jamais tenu compte de cet avertissement, de ces propos prémonitoires venant de quelqu’un qui connaissait très bien Macky Sall.

Avec le gros scandale lié au pétrole et au gaz qui défraie présentement la chronique et alimente le débat public, impliquant les plus hautes autorités de ce pays ainsi que le clan « Faye-Sall », avec en première ligne le sieur Aliou Sall, frère du Président Macky Sall, le palais s’est trouvé une nouvelle vocation. La première fois où il a été interpellé, à la suite de l’éclatement de l’affaire Petro-Tim en 2017, le sieur Aliou Sall, avait vertement et durement attaqué des proches collaborateurs de son grand frère qui lui en voudraient à mort et qui chercheraient, par tous les moyens, à briser sa carrière politique.

Il n’avait point eu de scrupules ni de gêne encore moins de retenue à déclarer publiquement qu’il existe au palais de la république, d’obscures officines ou se trament des combines pour s’attaquer à l’honorabilité de certains responsables politiques. Nous avons tous en mémoire les échanges, en des termes peu amènes, entre Aliou Sall et le sieur Moustapha Diakhaté qui a été d’une virulence verbale inouïe, ne mâchant guère ses mots.

A la suite de l’enquête de la BBC qui a soulevé un tollé aux niveaux national et international, le sieur Aliou Sall, en sa qualité de principal mis en cause, a cru devoir, dans un premier temps, s’en prendre à l’opposition qui se serait liguée avec des puissances étrangères pour déstabiliser notre pays. Quelques jours après, il change de ligne de défense pour déclarer, qu’en réalité, tout ceci a été organisé, orchestré et fomenté par de très proches collaborateurs du Président de la république tapis au palais.

Ces derniers, de connivence avec des opposants financés à coups de centaines de millions, se sont fixés comme objectif de le combattre pour atteindre son grand frère. L’argumentaire de Aliou Sall est à la fois spécieux, d’une ridicule platitude et totalement dépourvu de bon sens. Il faut vraiment disposer de moyens colossaux pour corrompre aussi facilement les opposants auxquels fait allusion Aliou Sall, en l’occurrence, Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo, Thierno Alassane Sall et Ousmane Sonko, d’honorables personnes dont la moralité n’a jamais été prise à défaut. En effet, ces responsables de l’opposition sont loin d’être de pauvres hères ou des gueux en quête de la pitance quotidienne. Au palais, il n’y a qu’une seule personne disposant de suffisamment de moyens pour essayer ou tenter d’embarquer les personnalités ci-dessus citées dans une entreprise de corruption ; c’est son propre frère Macky Sall. Cette inconstance dans sa ligne de défense, ne traduit rien de moins que la malhonnêteté et la duplicité du sieur Aliou Sall totalement noyé dans le pétrole et complètement asphyxié par le gaz.

A croire Aliou Sall, jeune frère du Président Macky Sall, le palais de la république serait devenu un repaire interlope ou de vils et impavides scélérats passeraient tout leur temps à ourdir de sordides complots. Le palais serait fréquenté par des traitres ; Hamidou Kassé, n’a-t-il pas été traité de vil  traitre par un journaliste de renom connu pour être un séide d’Aliou Sall. Le palais serait fréquenté aussi par des corrupteurs ; le gros griot attitré du Président de la république n’a-t-il pas avoué publiquement avoir été corrompu ?

Franchement, je me demande comment notre Président de la république peut-il accepter de frayer avec un tel gus, un si lugubre individu dont la présence au palais constitue un affront intolérable et une véritable insulte à toute la nation ? Ne dit-on pas que qui se ressemblent s’assemblent ; cela pourrait être une explication de ce compagnonnage incongru et fortement attentatoire à la bonne image de celui qui incarne la dignité nationale et l’honneur de notre pays. Cela ne doit point étonner que des roturiers issus de la même extraction sociale s’entendent comme larrons en foire.
 
Les Sénégalais ont la désagréable impression que les pratiques dolosives et corruptrices trouvent grâce au palais de la République. N’ont-ils pas condamné vigoureusement, avec force indignation, la remise d’un million de francs à chaque député par le président de la République et ce, à la veille du vote d’une loi à l’Assemblée nationale ? Geste inapproprié que certains ont vite fait d’assimiler à de la corruption. L’épouse du président de la République n’a-t-elle pas fait montre d’une générosité excessive, abusive et sélective en offrant gracieusement la somme de cinq cent mille francs aux femmes députées, alors que pendant ce temps, des mères vivant dans une impécuniosité intense, aigue et permanente, sont en train de regarder mourir leurs enfants faute de pouvoir acheter une ordonnance de moins de cinq mille francs.

A y regarder de près, on a l’impression que les vices humains et les tares de notre société ont élu domicile au palais ; l’hypocrisie y côtoie la sournoiserie, le mensonge s’accommode avec l’insulte, la malfaisance se complait avec la méchanceté, celle-là même qui a envoyé mon ami Khalifa Sall à Rebeuss.
Les Sénégalais sont exaspérés par les comportements et la manière de faire des frères Sall ; ils apparaissent comme des anti-modèles qui ternissent l’image de nos gouvernants et, plus largement, celle de notre pays. Ces deux frères ont comme trait de caractère principal une parole très instable ; ils n’accordent aucune importance aux valeurs positives qui constituent le socle de vie de notre société. Combien de fois se sont-ils délier de leurs promesses ? Combien de fois ont-ils renoncé à leurs engagements ? Combien de fois se sont-ils reniés ?

Combien de fois ont-ils abjuré ? Pire, ils ont eu à dire des contrevérités que certains qualifieraient de mensonges manifestes. En effet, mentir, c’est donner pour vrai ce que l’on sait faux, ou nier ce que l’on sait vrai. Il n’est que d’évoquer la dénégation virulente de Macky Sall par rapport à sa récusation d’Ousmane Ngom ; on se rappelle qu’il a été aussitôt démenti par la magie du clic. On dément quelqu’un qui ment ; des exemples ont peu en citer à foison. Quant à Aliou Sall, il s’est maintes fois rendu ridicule et grotesque en brandissant des menaces jamais mises à exécution ; avec son air de bouffon, il a l’art et l’habitude d’amuser la galerie. Il est à se demander si réellement les deux frères sont issus d’une lignée nobiliaire et guerrière comme l’indique une prétendue généalogie.

Les frères Sall n’ont aucun respect, aucune considération, aucun égard pour les Sénégalais qui, malheureusement et bizarrement, s’en accommodent, faisant montre d’une passivité, d’une tolérance et d’une apathie incompréhensibles et inacceptables pour un peuple qui se prévaut d’une vaillance, malheureusement, plus verbale que réelle. Il y a de quoi désespérer de ce peuple, notamment de sa jeunesse, qui a l’outrecuidance de fêter avec un faste démesuré un échec retentissant ; une jeunesse qui se mobilise spontanément et massivement pour des manifestations ludiques sans lendemain mais qui reste indifférente pour des causes qui concerne son avenir et son devenir immédiats. Il faut déceler dans une telle attitude une légèreté consubstantielle qui nous empêche d’être rigoureux et exigeants avec nous-mêmes.
 
Dans un pays ou les plus hautes autorités mentent, trichent, posent des stratagèmes, usent d’expédients, mentent allègrement, volent impunément et passent leur temps à ourdir des complots, il ne doit guère être étonnant qu’on y célèbre une défaite et qu’on se glorifie d’un échec. On feint d’oublier que le Président Macky Sall avait fixé un seul objectif et assigné une seule mission aux lions, c’est de nous apporter le trophée. Les Sénégalais, de manière générale, doivent revoir profondément leur rapport avec la performance, avec l’effort soutenu, avec le sacrifice et avec la quête de l’excellence. Je suis étonné et plus qu’inquiet devant l’impassibilité de nos compatriotes qui subissent, stoïques, toutes les formes d’agressions et d’injustices de la part de nos gouvernants.  

A mon Khalifa Sall, qu’il sache que tout le monde est désormais convaincu qu’il est victime d’un effroyable déni de justice et que c’est la peur, la méchanceté et la rancune d’un homme qui l’ont envoyé en prison, mais que c’est la Grâce d’Allah Le Tout-Puissant, Maitre de l’Univers et de nos fragiles destins d’êtres insignifiants et ignorants qui l’en fera sortir. Et il ne saurait être question, quelles que soient les circonstances, d’absoudre ses camarades de parti qui, de par leur passivité complice voire coupable, ont laissé le Président Macky Sall le sacrifier ; ces faux camarades qui, oubliant les années de braises partagées, n’ont pas eu le courage de lui rendre visite en prison, ne serait-ce que pour exprimer leur compassion, et qui n’ont même pas daigné lui présenter leurs condoléances à la suite des décès enregistrés dans sa famille. Ils avaient le pouvoir et les moyens politiques de dissuader le Président Macky Sall d’exécuter son funeste dessein, mais ils ont préféré s’abstenir de toute pression et de toute intercession pour sauver leurs privilèges, leurs intérêts et leurs conforts matérialistes.

 Le souci de vouloir adopter une posture républicaine, un prétexte spécieux et fallacieux, ne peut guère et ne doit point justifier le refus de manifester son soutien et sa solidarité à l’endroit d’un camarade avec qui on a partagé l’essentiel de sa vie. L’amitié, la fraternité, la parenté, en somme les relations humaines et sociales ne doivent, sous aucun prétexte, être sacrifiées à l’autel des intérêts et considérations politiques. Certains camarades et compagnons de Khalifa Sall auront toujours dans leur conscience de l’avoir totalement abandonné à son sort. Il est aujourd’hui évident qu’il a été victime d’un sordide complot ourdi au palais de la république avec le silence manifestement complice des hiérarques du Parti socialiste qui auront trahi les idéaux socialistes de camaraderie, de fraternité, de solidarité, d’humanisme, d’altruisme et de générosité.  Les circonstances et les événements de vie, heureux ou malheureux, ne doivent pas nous empêcher de dire la vérité par exigence morale et par devoir de mémoire.
Certainement, à la suite de la disparition du secrétaire général du parti socialiste, un complot est en train d’être ourdi, quelle que part aux abords de l’avenue Léopold Sédar Senghor, pour voir comment cannibaliser le parti. Il se fera jour…
      
« La nuit n’est jamais si sombre qu’à l’approche de l’aube »


Boubacar SADIO
Commissaire divisionnaire de police
Classe exceptionnelle à la retraite

 

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