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Les cinq affaires Fillon pour ceux qui n’ont rien suivi

INTERNATIONAL
Dimanche 5 Février 2017

Depuis les révélations du « Canard enchaîné », les accusations se multiplient à l’encontre du candidat des Républicains à la présidentielle, plus fragilisé que jamais.


Les cinq affaires Fillon pour ceux qui n’ont rien suivi
La mécanique Fillon est enrayée. Le candidat des Républicains pour la présidentielle, qui avait gagné la primaire en faisant valoir son profil « irréprochable », a été durement atteint par les accusations d’emploi fictif de sa femme, publiées le 25 janvier par Le Canard enchaîné. Depuis, d’autres affaires concernant François Fillon et son entourage ont été révélées par la presse, au point que son propre camp envisage de lui trouver un successeur.
 
A quoi correspondent les différentes affaires et suspicions qui plombent la campagne de François Fillon ?
 
Résumé des cinq dossiers qui impliquent le candidat des Républicains.
 
Penelope, assistante parlementaire très discrète
 
La femme de François Fillon, Penelope, a-t-elle vraiment travaillé pour son mari comme assistante parlementaire ou a-t-elle bénéficié d’un emploi fictif ? C’est la question centrale que posent les révélations du Canard enchaîné.

Penelope Fillon a été assistante parlementaire de son époux, alors député de la Sarthe, entre 1988 et 1990, puis entre 1998 et 2002. Elle a ensuite été employée par le suppléant de François Fillon, Marc Joulaud, entre 2002 et 2007, avant de retravailler pour son mari, devenu député de Paris, entre 2012 et 2013 – jusqu’à ce que les règles de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique obligent M. Fillon à déclarer les revenus de sa femme et l’identité de ses collaborateurs parlementaires.
 
Employer sa famille n’est pas interdit au Parlement français (même si les rémunérations sont encadrées), le problème est de savoir si la femme de Fillon occupait réellement sa fonction d’assistante parlementaire. L’hebdomadaire satirique assure que ce n’était pas le cas. Penelope Fillon aurait été très bien rémunérée – 831 440 euros brut au total – alors que la réalité de son travail est mise en doute : selon Le Parisien, elle n’avait ni badge ni boîte mail à l’Assemblée nationale, et la permanence du député était située au domicile du couple, dans leur château de la Sarthe.
 
Le candidat des Républicains a au contraire assuré que sa femme travaillait pour lui « depuis toujours », qu’elle avait « corrigé ses discours » et l’avait « représenté dans des manifestations et des associations ». Confronté à une nouvelle vague de révélations le 1er février, François Fillon a dénoncé « une opération d’une extrême ampleur de calomnie très professionnelle ».
 
Le parquet national financier a ouvert le 25 janvier une enquête préliminaire pour détournement de fonds public, abus de biens sociaux et recel de ces délits. Les époux Fillon ont été auditionnés le 30 janvier et plusieurs perquisitions ont été menées, notamment à l’Assemblée nationale le 31 janvier. François Fillon devra attendre la fin de cette enquête pour savoir si elle est classée sans suite, s’il est renvoyé en correctionnelle ou si un juge d’instruction est saisi. Ce n’est que dans cette troisième hypothèse qu’il risque une mise en examen.

Selon les informations de L’Obs publiées mercredi 1er février, les contrats de travail de Penelope Fillon montrent que la femme de l’actuel candidat LR à la présidentielle était censée travailler dans les locaux de la permanence RPR de la Sarthe, au Mans. Or, selon l’hebdomadaire, « personne ne l’a vue travailler » à cet endroit.
 
L’avocat de François Fillon, Antonin Levy, a tenté de justifier la situation : « Cette adresse qui figure sur le contrat a été ajoutée, d’une écriture qui n’est pas reconnue. [...] Nous n’avons pas d’explication sur les raisons pour lesquelles figure cette mention rajoutée. La ville de ’Sablé-sur-Sarthe’ a en revanche été inscrite par François Fillon. »
 
Les généreux salaires de Marc Ladreit de Lacharrière
 
Penelope Fillon est aussi soupçonnée d’emploi fictif à La Revue des deux mondes, une publication appartenant au milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et ami de François Fillon. Elle aurait touché 5 000 euros brut par mois entre mai 2012 et décembre 2013, soit un total de 100 000 euros, alors qu’elle n’a produit que quelques notes de lectures et « pas la moindre trace de ce qui pourrait ressembler à un travail de conseil littéraire », affirme l’ancien directeur de la publication, Michel Crépu, dans Le Canard enchaîné. Cette rémunération de Mme Fillon entre dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier.
 
Ce n’est pas la seule preuve de la générosité de M. Ladreit de Lacharrière. Selon Mediapart, le milliardaire aurait aussi embauché, en mars 2015, Alexia Demirdjian comme conseillère au sein de sa Fondation culture et diversité. Or la jeune femme est, depuis cette même date, responsable de la campagne numérique de François Fillon.
 
Les enfants Fillon, pas encore avocats, mais riches assistants
 
Pour faire preuve de transparence, François Fillon a expliqué sur TF1 le 26 janvier qu’il avait parfois embauché ses proches, en particulier « pour des missions précises, deux de [ses] enfants qui étaient avocats, en raison de leurs compétences » lorsqu’il était sénateur de la Sarthe, entre septembre 2005 et juin 2007.Malheureusement, cette défense est bancale. En effet, sa fille, Marie Fillon, n’était pas encore avocate à cette période (elle n’a prêté serment qu’en novembre 2007).
 
En revanche, elle a bien été rémunérée à plein-temps pour un travail d’assistante sénatoriale, touchant 57 084 euros brut en quinze mois, jusqu’à fin 2006, selon Le Canard. Début 2007, son frère, Charles Fillon, étudiant en droit (il ne sera avocat qu’en 2011), a pris sa suite et touché 26 651 euros en six mois. L’hebdomadaire satirique n’a pas trouvé trace du contenu de leur activité, qu’il qualifie d’« évanescente » – le sénateur Fillon étant lui-même un élu fort peu assidu selon l’observatoire Nos Sénateurs. fr.
 
Jeudi 2 février, l’enquête en cours sur les emplois présumés fictifs de Penelope Fillon a été étendue aux deux enfants aînés du couple.
 
2F Conseil, société lucrative aux clients discrets.
 
Les projecteurs braqués sur l’« irréprochable » François Fillon ont remis en lumière une autre source de revenus non négligeable pour le candidat à la présidentielle : sa société, 2F Conseil, qui lui a rapporté plus de 756 000 euros entre juin 2002 et décembre 2015, comme l’avait déjà révélé en novembre Le Canard.
 
François Fillon a fait enregistrer cette entreprise quelques jours avant d’être élu député de Paris, une précision importante puisqu’il est interdit aux parlementaires de se lancer dans le consulting lors de leur mandat pour éviter les conflits d’intérêt.
 
Le candidat à la présidentielle est très discret sur cette activité et ne dévoile pas l’identité de ses clients : grandes entreprises, Etats, intermédiaires pour le compte de puissances étrangères ? En décembre 2016, Yannick Jadot, candidat d’Europe écologie-Les Verts, a demandé sur BFM-TV que le candidat Fillon fasse preuve de « transparence » sur cette entreprise qui lui a permis de « quadrupler son salaire pendant les cinq ans de son mandat parlementaires ».
 
Le Monde a identifié un des clients de 2F Conseil : le cabinet de René Ricol, spécialiste du conseil en entreprise, qui était commissaire général à l’investissement entre 2010 et 2012, époque où François Fillon était premier ministre. Le candidat à la présidentielle n’a pas mis fin à ce contrat juteux, qui lui rapporte entre 40 000 et 60 000 euros par an depuis 2012 pour une « expertise en matière de mondialisation ».
 
L’ombre de la ristourne au Sénat
 
Rémunérer grassement ses propres enfants n’est pas la seule manière de dépenser les crédits réservés aux assistants parlementaires au Sénat. Selon Mediapart, François Fillon serait impliqué dans un vaste système de détournement de fonds publics mis en place entre 2003 et 2014 par des sénateurs UMP. Le principe : les élus qui n’avaient pas dépensé toute leur enveloppe pour payer leurs assistants transféraient le reste au groupe politique, qui en reversait alors un tiers sous forme de chèque directement aux sénateurs. Ce système en place durant douze ans aurait porté sur un total dix millions d’euros. Deux juges d’instructions chargés de l’enquête ont déjà mis en examen plusieurs élus ou anciens élus.
 

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