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Loi sur le parrainage : les prémices d’une guerre politico-civile

EDITORIAL
Vendredi 20 Avril 2018

Le président Macky Sall n’a pas démordu dans son projet de loi constitutionnelle nonobstant le rejet de l’opposition, de la société civile et de l’archevêque de Dakar, Benjamin Ndiaye. Le vote de cette loi est une déclaration de guerre contre tout ce peuple résistant qui s’est dressé, malgré le grand déploiement des forces policières, comme un seul homme ce 19 avril pour s’opposer farouchement à cette énième forfaiture du pouvoir de Macky Sall.


 Le jeudi 19 avril 2018 tout comme le 23 juin 2011 est désormais inscrit sur du marbre dans l’histoire politique du Sénégal. Le peuple souverain a résisté devant l’obstination obsessionnelle de Macky Sall de faire passer son projet inique. Pour défendre leur Constitution, de vaillants Sénégalais patriotes ont sué sang, sueur et larmes, bravé les effluves âcres et piquantes des bombes lacrymogènes, et supporté la violence sauvage des matraques policières et des balles des fusils de chasse de la soldatesque de Ngouille Ndiaye pendant toute une journée.

L’exigence tenace de l’opposition, de la société civile et de certains religieux ne l’a pas fait reculer. Finalement le chef de l’Etat a fait passer grâce à sa majorité électronique son projet de loi anticonstitutionnelle instituant le parrainage des candidats à l’élection présidentielle sans passer par un débat fécond et contradictoire qui aurait pu édifier le peuple sur la pertinence ou l’impertinence du projet présidentiel.

Comme si on était dans un théâtre parlementaire, les histrions-députés ont bien joué leur rôle. Idem pour le metteur en scène Madior et le scénariste Macky. La majorité robotique a fait un forcing devant la complicité d’un président de l’Assemblée nationale, vieillard atrabilaire, grincheux et cacochyme. Ce dernier, durant toute la séance, n’a fait qu’avaliser servilement les violations du règlement intérieur de l’Assemblée nationale par les godillots de la majorité. Chose honteuse, il s’est mis dans un «tesseunté» indigne d’un «kilifa» contre le député Toussaint Manga qui a opposé une vive résistance à son droit de disposer de son temps de parole de cinq minutes. En crise d’autorité, il ne cesse de rappeler qu’il assure la police des débats. Triste fin pour un homme politique dont le larbinisme politique aura fait de lui l’homme des sales boulots du régime Sall.
 
Contrairement aux allégations mensongères du ministre de la Justice, cette loi inique et cynique déconsolide et affaiblit la démocratie pour laquelle nous nous battons depuis 1958. Voilà que pour justifier cette forfaiture, Ismaïla Madior Fall se réfère au parrainage parlementaire et citoyen institué par le Président Léopold Sédar Senghor en 1963 lors de l’élection présidentielle de cette année où il n’y avait quasiment que le parti unique socialiste avec ses députés. Ce qui caractérise la mauvaise foi de ce ministre « déconsolidateur » tout comme ces intellectuels alimentaires de la trempe des professeurs Mbaye Thiam de l’Ebad et de Mounirou Sy de l’Université de Thiès, c’est que systématiquement dans ses rappels politico-historiques, il ne fait jamais état des conséquences de ce parrainage à la sauce senghorienne.  Les partis de l'opposition, regroupés sous la bannière du front Démocratie et Unité Sénégalaise et dans lequel le PRA-Sénégal d’Abdoulaye Ly jouait un rôle déterminant de coordinateur et de catalyseur, privés de parrainage parlementaire se sont présentés dans une extrême tension aux législatives organisées en même temps que la présidentielle.

Au soir du vote quand l’UPS de Senghor rafla frauduleusement tous les députés au détriment de Démocratie et Unité Sénégalaise, la violence éclata. Ainsi la frustration née du parrainage et de la fraude aux législatives a fait basculer le pays dans une violence inouïe avec à la clé plus de 100 morts et 250 blessés. Voilà cet exemple funeste que le gourou du président, Garde des Sceaux, et autres intellectuels alimentaires inféodés au régime brandissent itérativement, trompeusement et honteusement à tout moment pour justifier cette forfaiture qu’il a fait passer ce triste 19 avril 2018 à l’Assemblée-Croupion sans débat. Cette démocratie mortifère senghorienne ne peut pas servir de caution au président Macky Sall pour valider son projet de parrainage anticonstitutionnel.
 
L’entêtement effarant de Macky Sall
 
Aujourd’hui, le président Sall s’obstine à user de toutes les forfaitures judiciaires et législatives pour obtenir son second mandat. C’est dire qu’il n’a pas compris l’importance et la portée de l’insurrection populaire qui guette son régime. Quand ses moutons de Panurge, ses boutefeux et ses missi dominici lui conseillent d’utiliser sa police, sa gendarmerie, sa justice et son Assemblée-Croupion pour gagner la prochaine présidentielle, c’est parce qu’ils feignent ou ne se rendent pas compte encore de la détermination du peuple à se battre contre l’injustice. Avec une telle attitude va-t-en-guerre contre son peuple, les nuages d’une guerre politico-civile s’amoncellent.

Aujourd’hui l’on doit se demander si réellement le Président Sall n’est pas atteint de paranoïa qui lui ferait prendre tout contradicteur comme son ennemi juré. Avec lui, on est dans les rangs ou hors des rangs. Aussi, a-t-il décidé d’en découdre amèrement avec tous ces braves opposants dont l’unique tort est de ne pas partager son schéma de pensée unique, inique et cynique. Toutes les rencontres de Macky Sall avec ses partisans et alliés à la permanence de l’APR et à la présidence de la République sont de véritables conseils de guerre. Et c’est dans ce climat de violence qu’il compte entretenir des relations houleuses avec les opposants jusqu’à la prochaine présidentielle.
 
Maintenant faute de domestiquer ses opposants, Macky Sall opère dans le forcing et la force. Par conséquent, on se dirige inéluctablement vers des troubles permanents puisque le peuple fera face chaque fois que de besoin. Mais qu’il se le tienne pour dit ! C’est l’entêtement, la surdité et la cécité qui ont perdu les dictateurs comme Moussa Traoré, Mamadou Tandja, Moussa Dadis Camara, Mamadou Tandja, Laurent Gbagbo, Ben Ali et Hosni Moubarak. On ne peut pas arrêter la mer populaire avec les bras d’un groupuscule. Les lacrymogènes, les kalachnikovs, les machettes, les chars ne peuvent rien contre la volonté d’un peuple. Et s’il persiste dans ce climat de violence contre la volonté de son peuple qui ne démordra jamais, il finira, à coup sûr, par compléter le tableau sinistre de ces dictateurs susnommés.
 
Serigne Saliou Guèye
 

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