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Moussa Bocar Thiam : «Le PS n’est pas attractif»

POLITIQUE
Lundi 13 Mai 2019

Moussa Bocar Thiam : «Le PS n’est pas attractif»
Quelles sont les véritables raisons de votre démission au Parti socialiste ?

Il est vrai que mon départ du Parti socialiste est une surprise pour pas mal d’acteurs politiques, pas mal d’analystes politiques. Ce départ est aussi une décision radicale que personne n’a vu venir. Je dois préciser que ce n’est pas une difficulté personnelle que j’ai avec Ousmane Tanor Dieng ou des difficultés personnelles que j’ai avec Serigne Mbaye Thiam, etc. Il s’agirait de la vision parce que l’objectif d’un parti, c’est d’être attractif avant toute chose. Un parti politique doit pouvoir convaincre les personnes, convaincre les gens qui veulent faire de la politique et qui veulent y adhérer. Un parti politique doit également avoir ce rôle d’aspirateur qui puisse lui permettre de pouvoir convaincre des personnes, des citoyens pour venir militer et adhérer à massifier le parti. Mais vu les actes qui sont posés, le PS n’est plus attractif. Car de l’extérieur, on constate que dans ce parti, il y a des responsables qui sont aussi valeureux les uns des autres. On note aussi une absence de perspective parce que quand vous faites de la politique, vous avez besoin d’être capacité, d’être renforcé surtout lorsque vous avez une base. Concernant l’attractivité du parti, si aujourd’hui le PS n’arrive pas à inspirer des jeunes qui veulent faire de la politique ou des responsables qui quitteront d’autres partis et venir nous rejoindre (…), si on n’arrive pas à être attractif, ce parti n’ira nulle part. Et, le principal signal de l’attractivité de ce parti, surtout à l’heure où nous sommes, c’est que le parti ne doit pas donner l’impression d’être un parti conservateur. C’est-à-dire un parti où c’est les mêmes têtes qui, depuis 1960, dirigent ce parti. Non. Il est temps quand même de faire éclore les compétences qui sont à l’intérieur du parti. Les moteurs du PS ne sont pas les gens qui dirigent aujourd’hui le parti. Les maires, les députés, les responsables de coordination, ça ce sont des jeunes qui sont souvent très engagés. Donc, la direction ne reflète pas le moteur.

Est-ce que vous en avez parlé au sein du parti ?

Oui, j’ai discuté avec pas mal de camarades. On n’en a pas parlé en réunion de bureau politique parce qu’il n’y a pas de réunion depuis la mise en place du nouveau Gouvernement. Je dois préciser que ce n’est pas une question qui se règle dans les discussions parce que vous n’allez pas dans le secrétariat exécutif national pour dire qu’on va faire telle personne ministre,… Le choix des personnes qui doivent représenter le parti dans le Gouvernement, c’est un choix du Président Ousmane Tanor Dieng. Il ne consulte personne pour le faire parce que ce sont des prérogatives qu’on accorde aisément à un secrétaire général. Ca ce n’est pas un problème. Mais il doit, dans sa prise de décision, prendre en compte beaucoup de facteurs. Et le facteur essentiel c’est quoi ? Toujours l’intérêt du parti. Quel que soit son degré d’amitié, quelle que soit son affection vis-à-vis d’une personne, il est important que lorsqu’il prend une décision de cette nature, qu’il pense d’abord et avant tout à l’avenir de ce parti. Comment ce parti va relever le défi après 2024 ? Comment ce parti va se positionner dans les années à venir ? Aujourd’hui, il a raté l’occasion de montrer que le PS est un parti dynamique, un parti conquérant. Mais en misant sur la continuité, le conservatisme, c’est quand même une décision inexplicable, inopportune, inefficace, sans aucun intérêt pour le parti (…). Aujourd’hui, nous allons vers les élections locales, les législatives et la présidentielle de 2024, mais il faut renforcer ces enfants qui, demain, devront tenir le parti. Ce n’est pas parce que nous sommes des jeunes pressés. Non du tout. Moi, personnellement, j’ai posé des actes, pas pour des prébendes personnelles, parce que j’ai mon métier. Et, je vis très bien de mon métier. J’ai posé un principe parce que pour moi, le PS ne pouvait pas faire l’erreur de continuer de donner l’image d’un parti conservateur et c’est la réalité que les gens soient d’accord ou pas d’accord. Je sais que 90% des socialistes sont d’accord avec moi.

Avez-vous abordé ce sujet avec Tanor, parce qu’on disait que vous étiez très proche de lui ?
Oui, je suis très proche de lui, mais il connait très bien ma position par rapport à ces sujets-là. Nous ne sommes pas des demandeurs, nous ne sommes pas des quémandeurs. Nous n’allons pas tous les jours chez lui pour quémander un poste. Concernant, le combat que je porte, c’est-à-dire la rotation des gens, il en est parfaitement conscient. C’est un homme politique, Ousmane Tanor Dieng, et il sait très bien que le parti a besoin de ce coup de balai nécessaire. On dit que si on enlève Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam il ne restera rien du parti. Mais je rappelle qu’on a perdu Louga et Serigne Mbaye Thiam à Kaolack ne représente pas grand-chose. Ainsi, on se demande quels sont ceux qui tiennent le parti aujourd’hui ? C’est tout sauf ces deux personnes que je vienne vous citez, avec tout le respect que je leur dois. Parce qu’ils n’ont pas su assurer la relève au niveau de leurs localités. Vous savez que le poste ministériel en politique est éminemment important du point de vue politique pour pousser un parti politique. Mais, on a perdu Louga alors qu’elle était ministre. Est-ce qu’il n’est pas temps d’assurer une relève à Louga ? A Kaolack, Serigne Mbaye Thiam n’a postulé à aucun poste électif, donc on ne peut pas le juger sur ce terrain-là. 

Non seulement les postes sont rares, insignifiants, mais raison de plus pour permettre même sur un an ou deux ans à d’autres camarades d’avoir cette responsabilité qui puisse leur permettre de booster encore une fois leur base, booster leur carrière politique. C’est comme ça qu’un parti grandit, d’autant plus qu’on dit qu’on perd du terrain. Pour éviter cette hémorragie avec toutes les crises que nous avons connues, il était nécessaire qu’il fasse un petit coup de balai. Mais, je suis désolé de ce virage qui a été raté parce qu’on devait montrer que le parti socialiste est un grand parti et que nous pouvons prendre les mesures qu’il faut au moment qu’il faut.

Comment le Président Macky Sall et certains membres de l’Apr ont accueilli votre choix ?

Je dois vous dire que le Président de la République n’a rien à voir avec ce que je suis en train de faire. C’est mon choix personnel. Toutefois, on aura le temps de finaliser. Il se peut que je sois carrément dans l’Apr. Il y a beaucoup de partis politiques et il faut que les gens apprennent à intégrer les partis au lieu d’en créer. Par ailleurs, mon intégration dans l’Apr obéira forcément à des formes. Beaucoup ont salué ma démarche et j’assume pleinement d’être à la disposition du Président de la République. Vous savez que je suis un homme politique et j’ai ma base. Les partis politiques ont besoin de moi parce que je suis maire de la plus grande ville, Ourossogui. C’est une réalité parce que ce n’est pas le parti qui nous fait mais c’est nous qui faisons les partis politiques. Aujourd’hui, si je prends l’option de travailler avec le Président Macky Sall dans l’Apr ou dans d’autres structures là, c’est une chance pour la structure dans laquelle que j’intégrerai.

Dakarmatin

 

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