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Mouvements de soutien ou raccourcis politiques alimentaires

POLITIQUE
Dimanche 28 Mai 2017

"Comités", "clubs", "groupes", "mouvements" ou "associations" ! Les termes pour désigner les structures de soutien aux hommes politiques, candidats ou non à une élection, sont assez nombreux. Ces organismes agissent pour "l'élection", "la réélection du président" ou pour "le soutien" aux actions de celui-ci. Cependant, leurs méthodes et leurs profondes motivations étant intéressées pour la plupart, ces clubs sont souvent soumis au feu critique des populations excédées par cet immoralisme politique.


Mouvements de soutien ou raccourcis politiques alimentaires
La particularité de chaque régime, excepté celui de Léopold Sédar Senghor, c’est la floraison de ces mouvements de soutien à l’action du président en place. Abdou Diouf a inauguré l’ère des mouvements de soutien et encouragé leur développement à la périphérie du Parti socialiste. Abdoulaye Wade aussi s’est inscrit dans le même sillage en s’accommodant de ces mouvements et Macky Sall parachève l’œuvre pernicieuse de ses prédécesseurs.

Aujourd’hui le dénominateur commun de ces chefs d’Etat, c’est qu’ils produisent ou reproduisent le même système pendant leur magistère. A l’instar de la transhumance qui est une pratique immorale pour jouir de prébendes et  de passe-droits du régime en place, les mouvements de soutien fleurissent et finissent par prendre leur place dans le décor politique. La transhumance tout comme les mouvements de soutien sont des moyens pour tirer profit du chef à qui on a fait allégeance. Le but de tous ces mouvements ne sont qu'un moyen pour leurs initiateurs d'entrer dans les bonnes grâces du pouvoir car incapables de se trouver une place le parti au pouvoir.

N’est-il pas plus simple d'adhérer au parti du candidat que l'on soutient ? La suite est connue : des financements pour organiser des meetings par-ci, un poste de député par-là, un poste de responsabilité, ou un maroquin ailleurs... C’est ainsi que des hommes véreux avaient trouvé la formule magique pour s'enrichir rapidement. Bien que différents, ces groupes fonctionnaient selon une logique commune, celle du «soutien mercenaire», caractérisée par le courtage politique, la négociation et l'achat d'allégeances partisanes. 

Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall kif-kif

Sous le règne du président Abdou Diouf, les mouvements de soutien étaient de compositions diverses. Certaines d'origine intellectuelle, revendiquaient une adhésion rationnelle à l'action du Président Abdou Diouf et prétendaient donc partir d'une analyse de la réalité sociale, politique et économique. D'autres regroupaient des femmes, des ruraux, des individus appartenant à la même région qu’Abdou Diouf, des griots etc. Quelques mouvements de soutien se rapportaient à la Première dame Elisabeth Diouf et au puissant ministre d’Etat Jean Collin.

On peut en citer le Comité de soutien à l'action du président Abdou Diouf (Cosapad) de Mbaye Ndiaye et d’Ameth Saloum Boye, Comité national des griots pour le soutien au président Abdou Diouf (Conagrisapad) d’Assane Samb Coumba Ndiangane, Abdoo Nu Dooy du professeur Iba Der Thiam, Les amis de Jean Collin d’Aida Ndiongue et les amis de Elisabeth Diouf de Moussa Yoro Camara. Le Sofara ("unité", en langue diola), créé par l'épouse du chef d'état-major général des Forces armées de l'époque, Mme Tavarez de Souza, et de l'Union pour le soutien à l'action à l'action du président Abdou Diouf (Uni-sapad).

A cela s’ajoutent le groupe des 1500, le Gresen (Groupe de rencontres et d'échanges pour un Sénégal nouveau), le MNS (Mouvement national de soutien), Le CAS (Cercle des amitiés sénégalaises), l'Ansapp (Association nationale de soutien à l'action des pouvoirs publics), l'UPD (Union des populations de Ndiambour Doolel Abdou Diouf), l'Usapad (Union des sœurs unies du plateau pour le soutien à l'action du Président Abdou Diouf), Cosamapad (comité de soutien des armateurs, mareyeurs et pêcheurs à l’action du président Diouf).

En dépit des multiples mouvements de soutien, Abdou Diouf n’a pas pu résister à la bourrasque populaire.
Abdoulaye Wade, son successeur à la tête de l’Etat, n’a pas fait moins qu’Abdou Diouf dans le domaine du clientélisme politique alimentaire. Il a eu à favoriser la transhumance à outrance et la génération des mouvements de soutien qui, en réalité, n’étaient que des moyens de contournement du PDS pour accéder au chef et bénéficier de certains avantages, matériels, immobiliers et pécuniaires.

Le nombre des mouvements de soutien à l’action du président se développait à un rythme exceptionnel et de façon anarchique au point que le président Wade par une note prise en sa qualité de secrétaire national du Parti démocratique sénégalais (PDS), prit la décision de dissoudre tous les mouvements de soutien de son parti. Du coup, certains qui ne pouvaient plus se recycler ont préféré s’éloigner de la sphère du PDS.
Aujourd’hui Macky Sall, après avoir sanctifié la transhumance qu’il abhorrait quand il était opposant, développe ses mouvements de soutien.

En 2013, Moustapha Kane, proche de Macky Sall, a créé And goungué Macky qui (An-gou-ma) comme pour donner de l’engouement à la politique de son mentor. Un certain Tabouré Agne a mis sur pied, lui aussi, un mouvement de soutien pour accompagner le président Sall. Pour faire plus original, il l’appelle Gungué Macky. A Louga, il y a Dollel Macky de l’inspecteur des impôts et domaines Mamour Diallo qui traduit l’état de collapsus du parti présidentiel. A Thiès, c’est son alter ego Babacar Pascal Dione qui a créé Dollil Macky du moment que l’APR souffre aujourd’hui d’un déficit de militants qui puissent lui garantir un succès éclatant aux législatives et une réélection en 2019.

L’histoire politique du Sénégal a toujours montré que la transhumance et la flopée des mouvements de soutien n’a jamais assuré le triomphe du parti au pouvoir. Ceux qui l’animent, pour la plupart, fuient la bataille politique au sein des formations politique et cherchent tout simplement à rentrer dans les bonnes grâces qui celui qui nomme aux emplois civils et militaires et qui dispose d’une caisse noire de plusieurs milliards. La preuve, ils ne sont jamais en panne de transhumance. Ils n’hésitent pas à rallier, toute honte bue, au nouveau président qu’ils ont voué aux gémonies quand il traversait le désert de l’opposition.

Le plus bel exemple est Iba Der Thiam qui a crucifié Abdoulaye Wade quand ce dernier était l’adversaire le plus coriace d’Abdou Diouf. Voici ce qu’il disait quand il portait sur les fonts baptismaux Abdo Nu Doy au Théâtre Daniel Sorano : «Le mouvement Abdo Niou Doy ne peut voter pour un candidat à la magistrature suprême qui, après avoir abandonné le Sénégal à ses difficultés pendant neuf mois consacrés à gagner de l’argent à l’étranger, surgit un certain jour comme un diable de sa boîte et déclare détenir les solutions miraculeuses de tous les maux dont souffrirait notre pays. Le mouvement Abdo Niou Doy ne peut soutenir un candidat à la pensée incohérente qui n’a, ni suite dans les idées ni logique dans le raisonnement et qui présente, selon son humeur, les circonstances et ses intérêts du moment, des déclarations dont le paradoxe, les contradictions et l’inconséquence crèvent les yeux de toute évidence».

Et c’est ce même Der qui a fini par chanter les louanges de Wade chez qui il avait transhumé jusqu’à accepter que son parti CDP/Garap-Gi soit phagocyté par le PDS. Aujourd’hui il continue sa pérégrination transhumante chez Macky Sall. Et ceux qui ont pris la relève de cette immoralité politique n’hésiteront pas suivre les traces d’Iba Der Thiam.

Serigne Saliou Guèye
Avec la documentation du Docteur en science politique Antoine Tine et l’animateur Web Amath Diouf.

 

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