
La projection s’est ouverte par une intervention d’Oumy Ndour, attachée de presse du film, qui a rappelé l’importance de cette œuvre majeure dans le paysage littéraire africain. Elle a ensuite laissé la parole à l’équipe du film, accueillie sous les applaudissements.
Une réalisation longuement mûrie
Angèle Diabang, saluée pour sa rigueur et sa sensibilité, est revenue sur les douze années de gestation du projet : « C’était un chemin long et semé d’obstacles, mais il fallait ce temps pour rendre justice à cette œuvre. » La réalisatrice a assumé pleinement son choix de transposer l’intrigue dans les années 2000, plutôt que dans les années 1970 du roman initial. « Je voulais préserver la dignité de Ramatoulaye, loin des clichés et des violences souvent associés aux récits de polygamie. »
Ce choix de mise en contexte permet de mieux faire résonner les thématiques du film avec les réalités contemporaines. Déjà en lice pour plusieurs distinctions aux NISA (Nuits des Images et des Sons d’Afrique), Une si longue lettre défend des valeurs fortes : solidarité féminine, résilience face à l’injustice, et humanisme sans pathos. « Ce n’est pas un pamphlet contre la polygamie, mais une invitation à écouter les sacrifices silencieux des femmes », insiste Diabang.

Des performances saluées
Dans le rôle principal de Ramatoulaye, Amélie Mbaye, ancienne speakerine de la RTS, offre une prestation sobre et poignante. « Incarner ce personnage fut un véritable défi. Il a fallu dompter ma fougue naturelle pour exprimer sa dignité silencieuse, sa douleur intériorisée », confie-t-elle. Elle rend hommage à la direction « bienveillante » d’Angèle Diabang, qui a su instaurer un climat de confiance sur le plateau.
Entièrement composée de professionnels africains, l’équipe du film a été unanimement saluée pour la qualité de sa réalisation. Plusieurs comédiens ont évoqué une atmosphère de création collective, où chacun a pu se reconnaître dans cette histoire de femmes, d’amour et de courage.
Un ancrage dans les mémoires féminines
La soirée a également rendu hommage à deux figures emblématiques de l’histoire sénégalaise : Annette Mbaye d’Erneville, pionnière du journalisme féminin, et Aline Sitoé Diatta, héroïne de la résistance anticoloniale. Deux trajectoires inspirantes qui prolongent l’élan d’émancipation que porte le film.
L’accueil du public fut à la hauteur de l’événement. Face à l’engouement suscité par les premières projections, déjà complètes, trois nouvelles séances ont été programmées. « Les Sénégalais ont soif d’un cinéma qui les représente », a déclaré Moustapha Samb, directeur du cinéma Pathé, optimiste quant au rayonnement du film sur le continent et au-delà.
La sortie nationale de Une si longue lettre est prévue pour ce vendredi 4 juillet. Un rendez-vous incontournable, tant pour la puissance du message que pour l’élégance formelle d’un film déjà promis à un bel avenir.