
La fracture remonte à la désignation d’Amadou Bâ comme candidat de Benno Bokk Yaakaar à la présidentielle de 2024. ADD, qui se voyait légitime à porter l’étendard, avait mal digéré ce choix. Ramené in extremis dans le giron de la majorité grâce à l'intervention des foyers religieux — notamment celui de Médina Gounass — il avait finalement fait campagne du bout des lèvres. Mais depuis l’élection présidentielle, ADD est resté muet. Ni les remous internes à l’APR, ni la mise en cause de figures du parti comme Farba Ngom, ni les attaques répétées contre Macky Sall, n'ont provoqué la moindre réaction de sa part.
Pire encore, il n’a pas pris la défense de son ancien mentor, même lorsque le Premier ministre Ousmane Sonko a évoqué la possibilité de poursuites judiciaires à l’encontre de l’ex-chef de l’État. Le silence comme posture politique ? Cette retenue tranche avec l’image d’un ADD autrefois très présent dans les appareils du pouvoir. Plusieurs militants parlent désormais d’un désengagement assumé, renforcé par sa mise à l’écart institutionnelle : après avoir été poussé à quitter le perchoir de l’Assemblée nationale, il a été relégué à un poste secondaire aux Impôts et Domaines.
À cela s’ajoutent les accusations de “maquillage des chiffres” de la part du chef du gouvernement, visant directement ADD, Amadou Bâ et feu Moustapha Bâ. Des allégations reprises dans le récent rapport de la Cour des comptes. Là encore, ADD n’a pas répondu. Un homme seul ? Le “militant authentique” de l’APR s’efface, au moment où le parti traverse une zone de turbulences. Plus rien ne semble le mobiliser, ni les militants en proie à la justice, ni les débats internes sur l’avenir du parti. L’homme fort de Podor, qui revendiquait une loyauté sans faille à Macky Sall, semble aujourd’hui s’éloigner de tout. ADD s’est-il résigné à tourner la page APR ? S’oriente-t-il vers une rupture assumée ou prépare-t-il une reconstruction politique silencieuse ? Pour l’heure, seul son silence persistant répond à ces questions.