
En réaction, la presse sénégalaise, à travers ses organisations représentatives, a mené de multiples combats pour alerter les pouvoirs publics, dénoncer les entraves et défendre sa mission citoyenne d’information, sans pour autant obtenir de réponses concrètes, ni de cadre de dialogue sincère avec les autorités. C’est pourquoi, à l’heure où le chef de l’État appelle à un Dialogue national inclusif, il paraît essentiel de mettre en lumière les difficultés spécifiques que traversent les entreprises de presse, notamment en matière économique, administrative, fiscale et réglementaire. Ce dialogue ne saurait ignorer la question cruciale de la liberté de la presse, ni les réformes nécessaires pour garantir son plein exercice.
Le CDEPS (Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal) rappelle que la Constitution sénégalaise protège explicitement la liberté de la presse dans ses articles 8, 10 et 11, et s’inscrit, dans son préambule, dans la continuité des grandes chartes internationales et régionales des droits humains : la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 (art. 11), la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 (art. 19), la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples de 1981 (art. 9).

Dans cette perspective, la refonte du cadre juridique régissant la presse devrait être érigée en priorité dans l’agenda du Dialogue national. Cela implique notamment : une révision du Code de la presse, une actualisation du Code pénal et du Code de procédure pénale, une dépénalisation effective des délits de presse, et une clarification des règles relatives à la responsabilité éditoriale et aux procédures contentieuses.
Par ailleurs, le Code électoral mérite une révision attentive, notamment dans ses dispositions encadrant la propagande et la publicité médiatique en périodes préélectorale et électorale, afin d’y intégrer pleinement la presse privée et de garantir un accès équitable aux espaces de communication politique. À l’ère du numérique, les médias connaissent une transformation rapide, qui en fait plus que jamais un secteur stratégique, transversal et structurant pour le développement national. Il devient donc impératif de penser une véritable Stratégie nationale d'information et de communication (SNIC), orientée vers l’ambition de souveraineté informative du Sénégal.

Cette stratégie devrait reposer sur plusieurs prérequis majeurs : l’accompagnement de la mutation technologique des médias, une fiscalité adaptée aux secteurs stratégiques, un accès au financement public et privé pour l’émergence de champions nationaux dans la presse et les télécommunications, une politique ambitieuse de formation, de recyclage et de professionnalisation des acteurs du secteur. Le Dialogue national représente donc une occasion décisive pour refonder les relations entre l’État et les médias, au service d’une démocratie plus mature, d’une presse plus indépendante et d’un paysage médiatique plus résilient.