
« Oui à la reddition des comptes, non au harcèlement », déclare Adama Faye, frère de l’ancien ministre Mansour Faye, alors que ce dernier a été placé sous mandat de dépôt, à l’issue d’une audition houleuse devant la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice.
Malgré une caution dépassant les deux milliards de francs CFA, proposée par Marième Faye Sall, ancienne Première Dame et sœur de l’inculpé, le juge d’instruction est resté inflexible. Ce montant, qui devait permettre à l’actuel maire de Saint-Louis de bénéficier d’une liberté provisoire, a été formellement rejeté, selon les précisions de Me Oumar Youm, membre du pool d’avocats.
Une affaire politique ?
Pour Me Amadou Sall, avocat de Mansour Faye, l’inculpation repose sur une volonté politique manifeste. Il dénonce une « commande politique » visant son client, accusé de surfacturation dans le cadre d’un marché public de riz lié à la riposte contre la pandémie de Covid-19, d’une valeur de 2,749 milliards de francs CFA.Selon lui, l’ancien ministre n’était ni membre de la commission d’attribution des marchés, ni impliqué dans la fixation des prix. « Cette commission est composée conformément à un arrêté du ministère des Finances, dans le respect du code des marchés publics », a rappelé Me Sall. Il ajoute que 30 soumissionnaires avaient répondu à l’appel d’offres, lequel a été conduit selon les pratiques en vigueur à l’époque.
Une défense mobilisée, une justice rigide
Le pool d’avocats, composé notamment de Me Elhadj Diouf, Me Antoine Mbengue et Me Oumar Youm, a plaidé des contestations sérieuses et soulevé une exception d’inconstitutionnalité. Mais tous les arguments de la défense ont été balayés par la juridiction compétente, qui a maintenu la décision de détention.« Nous avons démontré que Mansour Faye n’était impliqué ni dans la passation ni dans la gestion des marchés. Et pourtant, il est poursuivi », s’indigne Me Sall.
Une solidarité familiale impuissante
Malgré le soutien indéfectible de sa sœur, Marieme Faye Sall, qui aurait insisté pour le dépôt d’une caution conséquente – après avoir convaincu Macky Sall et d'autres membres influents de la famille –, la tentative de libération a échoué.Adama Faye, frère de l’ancien ministre, présent au palais de justice, a réagi avec retenue mais fermeté :
« Nous rendons grâce à Dieu. Mansour Faye est un homme de principe, intègre, qui a toujours servi son pays avec loyauté. Oui à la reddition des comptes, mais non au harcèlement. »
Il regrette que la procédure judiciaire ait écarté des éléments objectifs, notamment le respect des procédures d’attribution et l’absence de preuves de surfacturation. Malgré les protestations de la défense et les gestes de solidarité familiale, Mansour Faye reste en détention. Une affaire qui continue de nourrir les débats autour de la justice, de la gouvernance et de la frontière parfois floue entre réddition des comptes et règlements politiques.