Ousmane Sonko a prononcé un discours tranchant lors de l'installation du Conseil national de Pastef, mettant à nu les dissensions internes au sein du parti au pouvoir, les frictions avec le président Bassirou Diomaye Faye, ainsi qu'une posture offensive face à la presse et à la société civile.
« Réglez le désordre ou je le règle ! » : ces mots résonnent comme un avertissement. Ousmane Sonko, chef du gouvernement et président du Pastef, s'est dit la cible d'attaques incessantes, médiatiques et politiques, sans riposte institutionnelle. Il déplore une inaction de l'État face à ces attaques alors que, selon lui, toute critique envers le président Faye entraîne une réaction immédiate. Il pointe aussi du doigt la formation de clans au sein de Pastef, qu'il accuse de se projeter déjà vers l'échéance de 2029.
Révélation d'un pacte de gouvernance à trois
Face à ces tensions, Sonko a rappelé l'existence d'un pacte entre lui, le président Diomaye Faye et El Malick Ndiaye, témoin de cet accord. Il accuse certains responsables de Pastef de s'éloigner de la ligne idéologique du parti pour des ambitions personnelles, notamment en préparant des réseaux parallèles à Touba.
Ousmane Sonko a publiquement appelé au boycott de certains médias, en particulier TFM, affirmant que la presse n'a aucun pouvoir déterminant et qu'elle a « tout fait pour nous détruire ». Il a qualifié une frange de la société civile de « fumiers », les accusant de vouloir imposer une co-gouvernance injustifiée. Il appelle même à une loi interdisant à la société civile de recevoir des financements extérieurs.
Le Premier ministre a critiqué le manque d'autorité au sommet de l'État, prévenant que « si nous continuons comme ça, nous ne ferons même pas un mandat ». Il a rappelé qu'il était le chef théorique de la majorité parlementaire, refusant toute idée de démission : « Je ne vais nulle part ».
Sonko a rejeté les rumeurs d'une demande d'audience avec l'Union des magistrats du Sénégal, rappelant que la justice « n'appartient pas aux magistrats ». Il a également dénoncé l'attitude de certains chroniqueurs soutenus par des personnalités politiques qu'il accuse d'avoir profité de détournements sous le régime précédent.
Ousmane Sonko appelle à restaurer l'autorité dans Pastef et à faire respecter les instances du parti. Selon lui, toutes les grandes décisions doivent être prises collectivement, en cohérence avec les engagements pris devant le peuple.
Le discours du Premier ministre signe une rupture de ton. Dans un contexte de fortes attentes populaires, d'opposition morcelée et de tensions internes, Ousmane Sonko s'affirme comme le garant d'une ligne radicale et d'une gouvernance centralisée. Cette posture, jugée clivante par certains, est perçue par ses partisans comme la seule voie possible pour réaliser la "rupture" promise.