
Le climat social se tend dans le secteur judiciaire sénégalais. Les deux principales organisations syndicales, le SYTJUST (Syndicat des Travailleurs de la Justice) et l’UNTJ (Union Nationale des Travailleurs de la Justice), accusent le ministre de la Justice d’avoir trompé leur confiance pendant plus d’un an, en sabordant délibérément les engagements pris par l’État.
Dans une déclaration conjointe, les syndicats dénoncent quatorze mois de faux dialogue, marqué selon eux par des manœuvres dilatoires visant à gagner du temps et à désamorcer la pression syndicale, sans réelle volonté politique de réforme.
Deux revendications centrales restées sans suite
Les syndicats rappellent que leurs principales revendications – l’alignement des greffiers à la hiérarchie A2 et la constitution initiale du corps des assistants des greffes et parquets (AGP) – font l’objet d’engagements formels de l’État depuis 2018, mais restent lettre morte.
« L’entente SYTJUST–UNTJ dénonce fermement cette trahison et exige le respect des engagements pris par l’État. Ces deux revendications sont non négociables », martèle le communiqué.
Un accord saboté malgré un consensus acté en novembre 2024
Le tournant de cette crise remonte à l’Atelier national de validation tenu du 25 au 27 novembre 2024 à Saly, présidé par le ministre lui-même. À l’ordre du jour figuraient deux projets de décret relatifs :
- à la modification du statut des fonctionnaires de la Justice,
- et à la réforme du Centre de formation judiciaire.
À l’issue de l’atelier, un consensus clair avait été trouvé entre les syndicats, les services techniques du ministère et les partenaires institutionnels. Pourtant, le revirement du ministre, officialisé dans un communiqué publié ce 5 juillet, enterre un an de concertation et brise la confiance.
Un appel à la mobilisation nationale dans la Justice
Face à ce qu’ils qualifient de “cynisme administratif” et de mépris institutionnel, le SYTJUST et l’UNTJ annoncent une intensification de leur lutte syndicale, jusqu’à satisfaction totale des revendications.
« Les travailleurs de la Justice ne sont pas des marionnettes », écrivent-ils.
« Trop, c’est trop. Nous n’acceptons plus l’injustice dans le secteur de la Justice. »
Le ton est donné. Dans les prochains jours, le secteur judiciaire sénégalais pourrait entrer dans une nouvelle phase de tension sociale, avec des perturbations possibles dans les tribunaux et les greffes du pays.