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Décès de Serigne Saliou Samb : Il tombe les armes à la main

POLITIQUE
Lundi 17 Juin 2019

Il est parti hier, sur la pointe des pieds. A l’image de Sidy Lamine Niasse, Momar Seyni Ndiaye et tant d’autres, Serigne Saliou aura marqué le métier de journaliste au Sénégal, imposé son empreinte avant de s’éclipser, presque discrètement, mais les armes à la main.

Car, il aura, avec le même dévouement, répondu aux nombreuses invitations des confrères qui n’ont jamais cessé de le solliciter quand la situation du pays l’exigeait. Et il faisait preuve d’honnêteté intellectuelle, à tout moment, de courage. Il disait les choses telles qu’il les pensait en ayant comme boussole l’intérêt supérieur du Sénégal.
En même temps, il lisait ses ‘’khassida’’ (poèmes religieux), y compris dans son bureau. Sa référence, c’était Serigne Touba.
Il quittait les rédactions la tête haute en évitant de regarder dans le rétroviseur. Il savait rester digne et surtout modeste.
Il a courageusement continué à étudier, notamment les Sciences politiques qui le passionnaient particulièrement après le journalisme. Il voulait comprendre de quoi il parlait.

Enseignant en journalisme, il aidait les jeunes à réussir leur entrée dans un métier à l’apparence facile, mais très difficile.
Il n’a jamais, à notre connaissance, fait preuve de complaisance envers le pouvoir d’Abdoulaye Wade ou celui de Macky Sall.
La dernière fois que je l’ai invité à l’émission Actu-médias que j’anime sur Rewmi FM, il a tenu à être là, malgré le fait que le dimanche, il aimait rester en banlieue avec sa famille. Quand j’ai compris l’effort gigantesque qu’il faisait, j’ai depuis, évité de le déranger.
C’est dire que ses éclairages vont manquer à un peuple qui suit religieusement les débats politiques, parce que soucieux de comprendre ce qui se passe vraiment dans son pays.

Et des hommes comme Serigne Saliou Samb travaillaient à forger une opinion publique avertie en prenant en compte le fait que la presse joue un rôle de contre-pouvoir qui n’est pas forcément celui d’anti-pouvoir.
Nous en parlions seulement ce matin Serigne Saliou Guèye (un autre analyste) et moi : Les analystes se font rares dans notre métier car, le commentaire, un genre ‘’noble’’, nécessite beaucoup de culture générale, de vécus et de capacités de synthèse, de prospection. C’est un genre difficile.

Or, le plus souvent, les confrères qui vous sollicitent, ne vous laissent pas un temps de préparation et comptent sur vous pour meubler leurs différents bulletins et éditions. Il faut savoir réagir très vite en évitant de tomber dans la facilité car les faits cachent, souvent, des réalités beaucoup plus complexes que leur apparence ne le laisse présager.
C’est dire que l’opinion a besoin de spécialistes de la trempe de Serigne Saliou qui ont le courage de leurs idées, car le drame dans notre pays, c’est que ceux qui savent ne parlent pas et ceux qui parlent ne savent pas.
La presse a alors cette mission salvatrice d’aider à distinguer le vrai du faux, à faire des recoupements, à rafraîchir les mémoires et à se lancer dans la prospective.

Dans ce travail, les dérapages ne sont pas rares. On n’est jamais à l’abri des manipulations, de la mauvaise foi de sources, de la corruption et des intimidations.

Car, le journaliste est citoyen, père de famille et employé d’entreprise. Toutes choses qui limitent son champ et ses capacités d’action.
Pourtant, si nous voulons que notre démocratie soit rayonnante, il faudra travailler à renforcer les entreprises de presse et les journalistes par des initiatives venant des autorités publiques dans le but de limiter la clochardisation progressive de ces derniers.
Il n’est pas rare que des journalistes-analystes quittent les plateaux parfois pour emprunter les transports en commun et rencontrer des admirateurs qui s’étonnent parfois sans rien dire. Ce n’est pas admissible.
La presse est à genou et les journalistes avec. Or, quand on est pauvre, très pauvre, il est difficile de convaincre.
Comme nos diplomates, nos magistrats, nos forces de l’ordre, etc., on doit aider enseignants et journalistes à sortir des ennuis financiers qui font qu’ils véhiculent des maladies chroniques, n’en parlent jamais et finissent par mourir dans l’indifférence totale.
Au moment où nous écrivons ces lignes, nous connaissons des journalistes qui, malades, sont restés chez eux, incapables de payer la plus petite ordonnance.

Pour arriver à se faire soigner, il faut épuiser son carnet d’adresses et certains contacts ne décrochent jamais si vous n’êtes plus actifs.
Alors, ce n‘est pas étonnant de mourir jeune si l’on est bourré de dettes, mange dans des gargotes et vit sous la pression des locateurs…
Adieu cher confrère !

Assane Samb
 

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