Dans trois jours, l’armée française aura définitivement quitté ses dernières bases au Sénégal. Cette annonce, faite par l’ambassadrice de France à Dakar, Christine Fages, à l’occasion de la célébration de la fête nationale française, marque une étape historique dans les relations bilatérales entre Paris et Dakar.
« Conformément aux orientations établies dès 2022 par le Président Macron, la France va restituer au Sénégal les emprises militaires des Eléments français au Sénégal », a déclaré la diplomate, lors de la réception officielle du 14 juillet tenue à sa résidence.
Cette reconfiguration progressive, amorcée il y a plusieurs mois par la restitution de plusieurs sites militaires, culminera vendredi avec la remise des dernières emprises. Mais loin d’un retrait synonyme de rupture, cette évolution ouvre, selon Mme Fages, « la voie à de nouvelles modalités de coopération en matière de défense, fondées sur le respect mutuel et la complémentarité ».
Un partenariat militaire en mutation
L’ambassadrice a insisté sur les axes de renforcement du partenariat franco-sénégalais, notamment à travers la formation, la coopération technique et l’interopérabilité des armées. « Cette coopération restera animée par le travail conjoint de nos coopérants militaires français et sénégalais », a-t-elle précisé.
Un dialogue politique constant et assumé
Plus largement, Mme Fages voit dans cette transition l’occasion d’un « réajustement assumé » de la relation entre les deux pays, au-delà du seul champ militaire. Elle a salué la qualité du dialogue politique actuel, illustré par la rencontre entre le président Bassirou Diomaye Faye et son homologue Emmanuel Macron à Séville début juillet, ainsi que la visite du ministre délégué français Thani Mohamed-Soilihi à Dakar en mars dernier.
« Ce dialogue est franc, équilibré et assumé. Franc, parce qu’il permet de remettre à plat l’ensemble de notre coopération. Équilibré, car il vise à être gagnant-gagnant au service des intérêts et de la souveraineté de nos deux nations. Et assumé, auprès de nos populations respectives comme de celles que nous avons en commun », a-t-elle affirmé, s’adressant au ministre sénégalais de l’Économie, Cheikh Diba, présent à la cérémonie.
Un signal fort dans un contexte régional tendu
Alors que plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont récemment rompu ou réévalué leurs relations militaires avec la France, le départ des troupes françaises du Sénégal s’inscrit dans un contexte de redéfinition stratégique des alliances. Dakar et Paris choisissent la voie du dialogue et de la coopération repensée, dans le respect des souverainetés nationales.
Ce tournant marque la fin d’une époque, mais aussi le début d’une nouvelle phase dans les relations franco-sénégalaises – une relation que les deux capitales veulent désormais « claire, équilibrée et tournée vers l’avenir ».