Le processus de retrait progressif des forces françaises du territoire sénégalais se poursuit. Le 1er juillet, la France a officiellement remis à l’État du Sénégal la station d’émission interarmées de Rufisque, une infrastructure stratégique en service depuis 1960, en charge des communications militaires sur la façade atlantique sud.
Cette rétrocession s’inscrit dans une dynamique engagée en novembre 2024, lorsque le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye, sur fond de politique souverainiste affirmée, avait demandé à Paris de mettre fin à la présence militaire française sur le sol sénégalais.
Troisième base restituée en 2025
Il s’agit de la troisième base française restituée cette année, après celles de Maréchal et Saint-Exupéry le 7 mars, puis du quartier "Contre-Amiral Protet" situé sur le port de Dakar, remis au Sénégal le 15 mai. Selon l’ambassade de France, la rétrocession des dernières emprises est prévue d’ici fin juillet, actant ainsi la fin d’une présence militaire française établie de longue date dans le pays.
Dans son communiqué, la représentation diplomatique française a salué la « coopération historique » entre les deux pays, tout en soulignant que ce désengagement s’opère dans un cadre coordonné avec les autorités sénégalaises.
Inquiétudes sociales et enjeux humains
Ce retrait militaire a des conséquences sociales non négligeables, en particulier pour les travailleurs sénégalais employés directement ou indirectement par les bases françaises.
Au total, 162 personnes étaient employées directement, tandis que 400 à 500 travaillaient via des sous-traitants.
En janvier dernier, plusieurs salariés sénégalais avaient exprimé leurs craintes face à une vague de licenciements annoncée à partir du 1er juillet. Ils réclamaient l’élaboration d’un plan social plus favorable que celui de 2011, année au cours de laquelle des centaines d’employés avaient déjà été remerciés. Certains ont plaidé pour leur reconversion ou redéploiement dans les services de l’administration sénégalaise.
Une rupture stratégique assumée
Le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko avaient dès leur arrivée au pouvoir promis une rupture nette avec l’héritage sécuritaire et diplomatique des précédents régimes. La demande de retrait de l’armée française, bien que controversée dans certains milieux, s’inscrit dans cette volonté de reconquête de la souveraineté nationale, régulièrement martelée dans leurs discours.
La rétrocession de la station de Rufisque, symbole d’un demi-siècle de coopération militaire, marque une étape décisive dans cette réorientation géopolitique.