L’ancien président nigérian Muhammadu Buhari est décédé ce dimanche à Londres, à l’âge de 82 ans, des suites d’une longue maladie, selon un communiqué de la présidence nigériane.
Ancien général de l’armée, Buhari avait accédé au pouvoir une première fois en 1983 à la faveur d’un coup d’État militaire, avant d’être lui-même renversé deux ans plus tard. Il est ensuite revenu sur la scène politique en tant que président élu démocratiquement en 2015, se présentant comme un « démocrate réformé » et un fervent combattant de la corruption.
Un parcours militaire et politique marqué par la rigueur
Né en décembre 1942 à Daura, dans l’État de Katsina, au nord du Nigeria, Muhammadu Buhari appartenait à l’ethnie peule (Fulani) et était de confession musulmane. Il a suivi une formation militaire au Nigeria, au Royaume-Uni, en Inde et aux États-Unis.
Il s’est d’abord fait connaître en 1975, après le coup d’État contre Yakubu Gowon, devenant gouverneur militaire de l’État de Borno – une région plus tard frappée par l’insurrection de Boko Haram. En 1983, il prit le pouvoir, avant d’être évincé deux ans plus tard.
Marié deux fois et père de dix enfants, Buhari a marqué les esprits pour son style austère et sa lutte déterminée contre la corruption. Durant sa présidence, il a également mené un combat sans relâche contre l’insurrection jihadiste de Boko Haram et les violences intercommunautaires impliquant des éleveurs peuls.
Un bilan contrasté à la tête du Nigeria
Élu à la tête du pays en 2015, après trois tentatives infructueuses, Buhari avait suscité un immense espoir parmi les Nigérians. Mais cet espoir a été rapidement entamé par une prise de décisions jugée trop lente. Il lui a notamment fallu six mois pour nommer son gouvernement, tandis que la crise économique s’aggravait, exacerbée par la chute des prix du pétrole et la dévaluation du naira.
Son refus initial de libéraliser le marché des changes et de dévaluer la monnaie a créé un fossé entre le taux officiel et le marché parallèle, affaiblissant la confiance des investisseurs. Selon l’analyste économique Bismarck Rewane, cette lenteur et méfiance étaient en partie liées à son expérience passée avec le FMI, qu’il accusait d’avoir précipité sa chute dans les années 1980.
Malgré les critiques, Buhari a été réélu en 2019. Sa seconde mandature a été marquée par des mouvements sociaux majeurs, notamment les manifestations #EndSARS contre les violences policières. Il a tenté de renforcer la sécurité et de réformer l’économie, mais les résultats sont restés mitigés.
En 2022, lors de son dernier discours à l’ONU, il a dénoncé les dirigeants africains s'accrochant au pouvoir en modifiant les constitutions. Un an plus tard, il a salué l’élection de son successeur Bola Ahmed Tinubu, le qualifiant de « meilleur choix pour le pays ».
Hommages et retour de la dépouille au Nigeria
Le président actuel du Nigeria, Bola Ahmed Tinubu, a rendu un hommage appuyé à son prédécesseur, saluant « un patriote, un soldat et un homme d’État » ayant œuvré inlassablement pour l’unité et le progrès du Nigeria.
« Il a fait preuve de force tranquille, d’une intégrité profonde et d’une foi inébranlable en le potentiel de notre nation. Il a placé l’intérêt national au-dessus de toute considération personnelle », a déclaré Tinubu.
Il a également présenté ses condoléances à l’épouse de Buhari et ordonné à son vice-président de se rendre à Londres pour accompagner le corps du défunt président au Nigeria.