Dans son discours de clôture, le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, a salué un Parlement « mobilisé, responsable et conscient de son rôle ». À ses yeux, les députés ont su faire preuve d’une grande rigueur face aux contraintes du calendrier et aux défis institutionnels majeurs. Parmi les moments forts, il a souligné l’adoption, dans des délais serrés, du budget 2025, la révision du règlement intérieur, du règlement financier – qui datait de 1963 – ainsi que du statut du personnel et du règlement administratif.
Ces réformes, longtemps attendues, ont été conduites selon une méthode inclusive. Un comité pluraliste composé de députés de la majorité, de l’opposition, des non-inscrits, ainsi que de représentants de la société civile et du monde universitaire, a été mis en place. Le fruit de ce travail collectif, un rapport de qualité, a été distribué aux parlementaires et servira désormais de référence pour une gouvernance parlementaire plus efficace et responsable. « Nous avons désormais une base solide pour une action institutionnelle efficiente », a déclaré M. Ndiaye.
La session a également été marquée par le renforcement des mécanismes de contrôle parlementaire. Les 14 commissions permanentes ont été pleinement mobilisées, notamment la commission des délégations et celle du contrôle et de la comptabilité, qui a adopté pour la première fois un rapport financier trimestriel. Sur le plan de l’évaluation des politiques publiques, un guide méthodologique a été présenté, et la création d’un comité permanent chargé de cette mission a été actée dans le cadre de la réforme du règlement intérieur.
Mohamed Ayib S. Daffé, président du groupe parlementaire Pastef, a qualifié cette session de « pénible mais satisfaisante ». Il a salué les avancées réalisées dans l’organisation des travaux parlementaires, plaidant pour un renforcement de l’initiative législative, une meilleure coordination inter-commissions et l’anticipation des auditions ministérielles. « Nous avons assumé pleinement les trois missions constitutionnelles du Parlement : légiférer, contrôler, évaluer. Et nous devons aller encore plus loin », a-t-il affirmé.
Du côté de l’opposition, Aïssata Tall, présidente du groupe Takku Walu Sénégal, a insisté sur la nécessité de maintenir le cap réformateur en amont de la session budgétaire prévue en décembre. Elle a appelé à une meilleure prise en charge des enjeux non financiers, notamment les préoccupations écologiques, sociales et de justice sociale. Elle a également salué l’unité des parlementaires autour des réformes entreprises : « Tant que ces réformes sont faites pour le bien du peuple sénégalais, nous les poursuivrons avec vous. »
Même les députés non-inscrits, souvent en marge des dynamiques partisanes, ont salué l’esprit de collaboration qui a prévalu. Représentant ce groupe, Moussa Hamady Sarr a mis en avant une posture « singulière, exigeante mais constructive », fondée sur le dialogue, le respect des différences et le sens du bien commun. Il a également plaidé pour une gouvernance plus inclusive, capable de répondre aux urgences sociales telles que l’emploi des jeunes, la justice équitable ou encore l’accès aux soins de santé.
La remise symbolique du Guide sur l’évaluation des politiques publiques, la distribution de cartes professionnelles aux députés et au personnel administratif, ainsi que la présentation de documents sur les réformes institutionnelles, ont marqué la volonté d’inscrire l’Assemblée nationale dans une logique de professionnalisation et de transparence accrues.
À travers cette session, le Parlement sénégalais semble avoir franchi un cap important. Loin d’une simple chambre d’enregistrement, il s’affirme comme un acteur majeur de la régulation démocratique, pleinement engagé dans ses missions constitutionnelles, et tourné vers les attentes concrètes des citoyens. À l’approche de la prochaine session budgétaire, l’enjeu sera désormais de traduire ce nouveau souffle institutionnel en résultats tangibles sur le terrain.