Lors du forum tenu ce week-end à Bignona, Waly Diouf Bodiang, Directeur général du Port autonome de Dakar, a tenu un discours sans concession à l’encontre de l’ancien régime dirigé par Macky Sall. Dans une allocution aux allures de manifeste politique, le haut responsable a appelé à judiciariser le mandat en cours, insistant sur la nécessité de traduire en justice les auteurs présumés des violences d’État survenues entre 2021 et 2024. Un discours fort, prononcé devant les militants du parti au pouvoir, Pastef, dans la ville natale d’Ousmane Sonko.
Judiciarisation du mandat : une priorité absolue
« Nous avons conquis le pouvoir au prix de nos vies, nous devons le gérer au prix de nos vies », a lancé Waly Diouf Bodiang. Pour lui, la justice ne doit pas se limiter aux dossiers économiques :
« Nous sommes sur la reddition des comptes financiers. Le plus important reste toutefois la reddition des comptes criminels », a-t-il insisté.
Il a affirmé que les auteurs des morts lors des manifestations devront répondre de leurs actes avant la présidentielle de 2029.
Sans ambages, le DG du Port accuse directement l’ancien président Macky Sall d’avoir instauré un système de répression :
« Macky Sall a raflé, tué et emprisonné des Sénégalais. Moi-même, je fais partie des raflés. »
Il estime que le Sénégal a connu une période sombre, marquée par des arrestations arbitraires, des rafles massives et une instrumentalisation de la justice. Il dénonce notamment le comportement de certains magistrats :
« Des juges ont reconnu l’innocence de jeunes arrêtés, mais les ont tout de même incarcérés, juste parce qu’ils étaient dans le véhicule d’Ousmane Sonko. »
Outre la justice, Waly Diouf Bodiang a décliné trois axes stratégiques pour la réussite du mandat en cours :
- Judiciarisation du mandat
- Réforme des institutions, qu’il juge entamée mais insuffisante
- Remobilisation de Pastef autour du leadership d’Ousmane Sonko
« Nous sommes arrivés au pouvoir unis, nous devons gouverner unis derrière Sonko. »
Dans une sortie très offensive, le DG du Port s’en est aussi pris à ceux qu’il appelle les “Koulounas”, ces figures politiques ou médiatiques qui, selon lui, ont profité de l’argent public pour attaquer Ousmane Sonko.
« Il faut les couler, ce sont des gens qui osent encore nous faire des leçons. Depuis 2024, j’alerte sur leur pouvoir financier supérieur au nôtre. »
La déclaration de Waly Diouf Bodiang à Bignona marque un durcissement du ton au sein même du camp au pouvoir. En exigeant une judiciarisation pleine du mandat et des procès pour les responsables des crimes politiques, le DG du Port s’impose comme une voix forte du “camp des martyrs”, et soulève des attentes de justice chez une frange importante des électeurs de Pastef. Le débat sur la reddition des comptes criminels est désormais sur la place publique.