Ce lundi 14 juillet à 16 h au Palais de la République, le président Bassirou Diomaye Faye doit recevoir officiellement le rapport final du Dialogue national. Mais derrière l’apparat, la cérémonie s’annonce sous haute tension : communication erratique, manque de concertation et climat de défiance brouillent déjà la réception du document.
Communication verrouillée, opposition mise à l’écart ?
Jusqu’au week-end, le mystère planait. Interrogé, le facilitateur Cheikh Guèye esquivait : « Je ne peux ni confirmer, ni infirmer ». C’est finalement Babacar Fall, membre du Directoire, qui a publié l’horaire – sans pour autant rassurer les parties prenantes. Plusieurs leaders d’opposition et figures de la société civile affirment n’avoir reçu ni convocation ni version amendée du rapport provisoire :
« Le document devait être validé collectivement ; beaucoup ne l’ont même pas eu à corriger », confie un opposant.
Nombre d’acteurs préviennent : faute de validation multipartite, ils ne se sentiront pas liés par les conclusions. Cette méthode, jugée unilatérale, ravive la méfiance entre majorité et opposants dans un contexte politique déjà fragile.
L’ombre du tandem Diomaye–Sonko
Au-delà du rapport, tous les regards se tournent vers la relation entre le chef de l’État et son Premier ministre, Ousmane Sonko. Jeudi dernier, lors de l’installation du Conseil national de Pastef, Sonko lançait un avertissement cinglant : « Réglez le désordre ou je le règle ». Sa présence (ou absence) cet après-midi sera scrutée comme un baromètre des tensions au sommet de l’exécutif.
Pourtant, le Dialogue national avait dégagé des taux de consensus records (100 % sur les réformes institutionnelles, 94 % sur le processus électoral) autour de mesures clés :
- Création d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI)
- Mise en place d’une Cour constitutionnelle
- Dématérialisation intégrale du processus électoral
- Inscription permanente sur les listes
- Rationalisation du nombre de partis politiques
Le ministre de l’Intérieur Jean-Baptiste Tine saluait alors « une base solide pour une gouvernance renouvelée » et plaidait pour un Dialogue permanent.
Mercredi, certains participants ont exhorté le président à libérer les détenus d’opinion pour sceller la réconciliation. Si le rapport est présenté sans adhésion collective, le processus pourrait se gripper, accentuant la fracture politique et entachant une initiative censée redéfinir les règles du jeu démocratique au Sénégal.

