
La dernière fois que Barthélémy Dias a occupé l’espace public remonte au 6 janvier dernier. Ce jour-là, trois membres de sa sécurité ont été condamnés à trois ans de prison pour “coups et blessures volontaires” et “détention d'armes sans autorisation”, après des violences en novembre lors des législatives. Quatre-vingt personnes avaient été arrêtées autour du 10 novembre à Saint-Louis, après le passage de la caravane de la coalition d'opposition de Barthélémy Dias “Samm Sa Kaddu” au marché Sor de la ville. Des gardes du corps s'en etaient pris à des commerçants qui scandaient le nom d'Ousmane Sonko. Plusieurs marchands avaient été gravement blessés. Barthélémy Dias était à ce moment-là maire de Dakar et tête de liste pour les élections législatives du 17 novembre 2024. Le parti au pouvoir avait déploré plusieurs victimes dans ses rangs, après ces incidents qui avaient entraîné, selon les autorités, des blessés par armes blanches et des vols à l'arraché. Sur 79 prévenus, pour “coups et blessures volontaires, exercice illégale de la profession” de policier, “vol avec violence”, “détention illégale d’armes”, “trois ont été condamnés à trois ans de prison ferme” et “plus de 60 ont été relaxés”. D'autres ont écopé de peines allant du sursis à six mois de prison ferme par le tribunal de Saint-Louis. Un prévenu est décédé en prison avant le procès le 2 décembre.
Le maire de Dakar, Barthélémy Dias, lui, a été déchargé vendredi 13 décembre 2024 de ses fonctions de conseiller municipal perdant par le fait son poste de maire de la capitale. Le préfet de Dakar, Mamadou Lamine Ngom en a fait la notification à Dias, à la tête de l'institution municipale depuis 2022. “Conformément aux dispositions des articles du Code électoral portés en première référence, je vous déclare démissionnaire de votre mandat de conseiller municipal de la Ville de Dakar, à compter de la date de notification de la présente”, avait indiqué le préfet. La notification est motivée selon le préfet par la réception d'une lettre d'un “électeur inscrit sur les listes électorales” lui demandant de révoquer le maire de ses fonctions de conseiller municipal pour “raison d'inéligibilité à la suite d’une condamnation”.
Barthélémy Dias a été condamné pour coup mortel en 2017 à une peine de deux ans de prison dont 6 mois ferme. Un verdict confirmé en 2022 et reconfirmé par la cour suprême qui a rejeté le pourvoi en cassation en décembre 2023. L'assemblée nationale a prononcé le 6 décembre la déchéance du mandat de député de Dias pour le même motif. L’affaire qui a conduit à cette radiation remonte à 2011, en pleine période de tensions électorales liées à la candidature controversée du président Abdoulaye Wade pour un troisième mandat pour la présidentielle de 2012. Lors d’une attaque contre la mairie de Mermoz Sacré-Cœur, une commune de la capitale, dirigée par Dias à l’époque, une personne identifiée comme Ndiaga Diouf avait été tuée par balle.
Mansour Faye, lui, va tout droit vers la perte de ses attributs de premier magistrat de la ville de Saint-Louis. Les députés sénégalais sont, en effet, convoqués en séance plénière jeudi 8 mai 2025 à 10h00 pour examiner les projets de résolutions visant la mise en accusation de plusieurs anciens membres du gouvernement dont Mansour Faye. L’ordre du jour porte exclusivement sur les conclusions relatives à la saisine de la Haute Cour de Justice. Sont concernés par cette procédure exceptionnelle les anciens ministres Moustapha Diop, Amadou Mansour Faye, Aïssatou Sophie Gladima, Ismaïla Madior Fall et Salimata Diop. Ces personnalités, ayant occupé des postes de premier plan dans les précédents gouvernements, font l’objet de requêtes parlementaires en lien avec leur gestion présumée de dossiers publics sensibles. L’examen des résolutions marque une étape cruciale dans la mise en œuvre du mécanisme de reddition des comptes prévu par la Constitution. En cas d’adoption, ces projets pourraient déboucher sur l’ouverture de procès devant la Haute Cour de Justice, seule habilitée à juger les membres du gouvernement pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions.
Cette situation avait valu au maire de Saint-Louis de râter le “petit pèlerinage” à La Mecque. Il avait été informé par un agent de police que son départ du territoire était interdit sur “instruction de l’Autorité supérieure”. Cette mesure, qu’il juge “injuste et sans fondement”, a suscité de nombreuses interrogations et réactions au sein de la sphère politique.
L’ancienne Première Dame, Marième Faye Sall, sœur cadette de Mansour Faye avait vivement réagi à cette situation, exprimant son indignation lors d’une intervention sur la RFM. Elle a qualifié la mesure d’arbitraire et injuste, estimant qu’elle s’inscrivait dans une logique de persécution politique. “Mon grand frère, Amadou Mansour Faye, s’apprêtait à embarquer pour rejoindre notre mère malade lorsqu’on lui a refusé l’accès à l’avion. Il n’a rien fait de mal ! Depuis neuf mois, ils ne cessent de l’intimider, et ils n’ont encore rien vu”, avait-elle déclaré.
Saisi de cette affaire, le juge des référés-liberté de la chambre administrative de la Cour Suprême a ordonné aux autorités policières de signifier les raisons pour lesquelles il était interdit de sortie du territoire. Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Jean Baptiste Tine, a finalement acté l’interdiction de sortie du pays jusqu’à nouvel ordre d’Amadou Mansour Faye, ancien ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, a-t-on appris de source officielle. “’Monsieur Amadou Mansour Faye, né le 16 mai 1965 à Saint-Louis, est interdit de sortie du territoire national jusqu’à nouvel ordre. Le Directeur général de la Police nationale et le Haut-Commandant de la Gendarmerie nationale sont chargés de l’exécution du présent arrêté’’, a indiqué le ministre de l’Intérieur dans un arrêté rendu public.
A quelques heures de la saisine de la Haute cour de justice, le maire de Saint-Louis semble désespérément seul face à cette nouvelle épreuve. Ses lieutenants politiques comme son fief restent silencieux. En dehors de la député Aminata Guèye, c’est le désert. Pape Ibrahima Faye, comme Alioune Diop sont aphones. C’est, sans doute, ce qui contraint Mansour Faye à lutter seul sur les plateaux de télévision.
POINT ACTU