
À douze jours de l’ouverture du Dialogue national, le camp présidentiel peut déjà se réjouir d’une dynamique favorable. Une part significative de la classe politique sénégalaise a en effet choisi de répondre positivement à l’appel au dialogue lancé par le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye. La liste des partis et mouvements engagés dans cette démarche ne cesse de s’allonger, renforçant les perspectives d’un débat national inclusif.

Parmi les nouvelles formations ayant officiellement rejoint la dynamique figure l’Alliance Démocratique/Pencoo (AD/Pencoo) de Moussa Tine. Dans un communiqué publié sous le titre « Au rendez-vous du dialogue et des réformes », le Bureau politique du parti a déclaré :
« S’agissant de l’analyse de la situation politique nationale, le Bureau politique a exprimé sa vive préoccupation face aux tensions persistantes et a réitéré son attachement indéfectible aux principes républicains, à l’État de droit et à une démocratie apaisée. Dans cette dynamique, et fidèle à sa tradition de dialogue, l’Alliance Démocratique/Pencoo a décidé de participer activement au prochain Dialogue politique prévu le 28 mai 2025, à l’initiative du Président de la République. »

La LD Debout, de son côté, a également confirmé sa participation à travers un communiqué de son secrétariat national :
« Nous avons officiellement transmis nos observations et propositions sur les termes de référence du Dialogue national (…) Fidèle à ses engagements en faveur de la démocratie, LD Debout participera pleinement aux travaux de ce dialogue. Elle exprime l’espoir que ce processus aboutisse à un renforcement significatif et durable des fondements démocratiques du Sénégal. »
Le mouvement Sopi Sénégal, conduit par le député Tafsir Thioye, est également prêt à prendre part aux discussions, tandis que l’Alliance des Forces de Progrès (AFP), tout juste sortie de son troisième congrès, a fait connaître sa position favorable. Dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion, sa direction collégiale précise :
« L’AFP a décidé, après un débat profond, de participer au Dialogue du 28 mai 2025, sous réserve que celui-ci soit inclusif et que les termes de référence puissent être amendés. »
Même son de cloche chez la Ligue Démocratique (LD), représentée par Nicolas Ndiaye, son secrétaire général :
« Il y a énormément de raisons de participer au dialogue, même si les hommes de PASTEF ne cessent de tenir des propos incorrects envers l’opposition. »

Quant au Parti Démocratique Sénégalais (PDS), il n’a pas encore formalisé sa décision, mais plusieurs signaux indiquent qu’il se prépare à y participer. Un responsable influent du parti, sous couvert d’anonymat, confie :
« Nous avons reçu les TDR et nous y travaillons. Le parti ira au Dialogue. »
Et d’ajouter, en citant un enseignement du président Abdoulaye Wade :
« Il ne faut plus jamais adopter la politique de la chaise vide. »
Un principe forgé après le boycott des élections locales de 1984, qu’il considère comme une erreur stratégique majeure.
Du côté du mouvement Nouvelle Responsabilité, la position officielle n’a pas encore été dévoilée, mais un tweet de Zahra Iyane Thiam, figure du mouvement, donne le ton :
« Dialoguer est une tradition et un exercice de gouvernance qui fait partie des marqueurs appréciés au Sénégal. (…) Notre décision ne sera dictée par aucun autre comportement que nos principes. »

Même orientation pour l’ancien Premier ministre Amadou Bâ, qui lors de la fête de la Korité déclarait :
« Il y a un temps pour tout. (…) Il y a un moment pour échanger sur les programmes politiques et un autre pour travailler. Je crois que c’est le moment de travailler maintenant. Laissons le gouvernement travailler. »
Le parti présidentiel PASTEF a lui aussi officialisé sa position à l’issue de la réunion de son Bureau politique tenue le 11 mai :
« Le Dialogue national sur le système politique lancé par le Président de la République est à saluer. Il doit être compris par les acteurs comme une opportunité de renforcement de notre démocratie, sans aucune visée électoraliste ou marchandage politique. »

En revanche, plusieurs formations majeures manquent encore à l’appel. L’Alliance pour la République (APR), la République des Valeurs, ainsi que Bougane Guèye Dany et Barthélémy Dias n’ont pas encore indiqué s’ils participeront au rendez-vous du 28 mai. Même incertitude du côté du FDR, coalition dirigée par Khalifa Ababacar Sall et comprenant notamment Anta Babacar Ngom et Thierno Bocoum. Quant à Idrissa Seck, président de Rewmi, il ne s’est pas encore exprimé sur la question.
À mesure que s’approche la date fatidique, le tableau politique se précise : entre ralliements fermes, attentes conditionnelles et silences stratégiques, le Dialogue national s’annonce comme un moment charnière dans la vie politique sénégalaise. Reste à voir s’il accouchera d’un consensus porteur ou s’il révélera, au contraire, de nouvelles lignes de fracture.