Un forcing aux allures de coup de force
Selon Libération, Attijari a lancé une procédure d’expulsion visant à déloger Bocar Samba Dièye de ses immeubles situés sur les titres fonciers 8403/Gr, 16.797/Gr et 9293/Gr. L’affaire remonte à une ordonnance du 3 avril 2017 qui avait ordonné son expulsion pour « occupation sans droit ni titre ». Mais, le 22 septembre dernier, le tribunal de Commerce s’est déclaré incompétent pour exécuter la décision, pointant des erreurs de procédure de l’huissier.
Malgré cette fragilité, Attijari s’acharne, au moment même où des recours sont encore pendants devant la Cour suprême.
Une expertise qui change la donne
Un rapport d’expertise daté du 2 septembre 2020, homologué par la Cour d’appel de Dakar, a bouleversé les cartes. L’expert a mis en évidence :
• la pratique de l’anatocisme (capitalisation illégale d’intérêts),
• des agios jugés exorbitants et non justifiés,
• et une dette largement revue à la baisse.
En chiffres, la créance initialement estimée à plus de 7 milliards Fcfa se transforme, après corrections, en un solde créditeur de 879 millions Fcfa en faveur de Bocar Samba Dièye. Autrement dit, si Attijari s’appropriait les immeubles, ce serait, selon l’expert, un pur « enrichissement sans cause ».
Les immeubles toujours protégés
Pour bloquer la vente de ses biens, Bocar Samba Dièye avait fait inscrire des prénotations sur les titres fonciers. Ces mentions provisoires préservent ses droits en attendant l’issue définitive du contentieux. La banque, qui réclamait 3 milliards Fcfa à titre d’indemnité d’occupation, a été sèchement déboutée le 14 février 2025 par le tribunal de Dakar.
Pis, la deuxième Chambre civile avait même condamné Attijari à verser 11 milliards Fcfa de dommages-intérêts à l’homme d’affaires pour adjudication indue de ses immeubles. Une victoire vite annulée par la Cour commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) de l’OHADA, qui a cassé la décision au profit de la banque.
L’offensive pénale : nouvelle bataille en vue
Face à ce qu’il qualifie de spoliation, Bocar Samba Dièye a ouvert un front pénal. Une plainte avec constitution de partie civile pour « escroquerie et recel d’immeubles » a été déposée contre Attijari et son directeur général. Le juge a déjà fixé la consignation préalable au déclenchement de l’action publique.
En parallèle, un commandement d’expulsion daté du 14 juillet 2025 plane toujours, mais les immeubles n’ont pas encore été retirés de son patrimoine.
Une affaire loin d’être close
Entre expertise qui crédite l’homme d’affaires, procédures suspendues devant la Cour suprême et plainte pénale explosive, l’empressement d’Attijari interroge. Pourquoi la banque cherche-t-elle à accélérer l’expulsion alors que le droit reste incertain ?

