Sonko met fin au suspense sur son éligibilité
Depuis plusieurs semaines, le débat enflait sur la possibilité pour Ousmane Sonko de se présenter à de futures échéances électorales, notamment la présidentielle de 2029. Face à ses militants et aux familles des victimes, le leader de PASTEF a tenu à couper court aux spéculations.Selon les propos rapportés par plusieurs médias, Sonko a affirmé ne voir « aucune élection à venir à laquelle [il] ne pourrait pas participer », manière de signifier que, tant que le cadre juridique le lui permet, il se considère pleinement éligible et prêt à répondre à l’appel des urnes.
Ce message vise clairement sa base militante, très mobilisée autour de la perspective d’un retour de Sonko au premier plan électoral, mais aussi l’opposition et les observateurs qui misaient sur une impossibilité juridique durable de sa candidature.
En filigrane, cette déclaration répond également aux débats internes nés des propos récents du président Bassirou Diomaye Faye, qui, interrogé sur 2029, avait éludé en déclarant qu’il ne savait même pas s’il serait encore vivant à cette échéance. Cette posture prudente et presque philosophique contrastait avec l’attente d’une partie de la base, déjà tournée vers la prochaine bataille électorale.
Huées contre Diomaye : Sonko recadre ses propres partisans
La Journée des martyrs a aussi révélé, au grand jour, les tensions souterraines au sein de la galaxie patriote. Lorsqu’il a été fait mention du président Bassirou Diomaye Faye dans la salle, une partie du public a réagi par des sifflets et des huées, scène largement relayée sur les réseaux sociaux et commentée par de nombreuses plateformes en ligne.Ces manifestations de désapprobation traduisent le malaise d’une frange des militants, qui reprochent au chef de l’État une forme de distance par rapport aux attentes des bases les plus radicales, notamment sur la justice, l’amnistie ou certaines nominations. Elles interviennent aussi dans un contexte où la moindre nuance entre Sonko et Diomaye est rapidement interprétée comme le signe d’une rupture.
Conscient du danger politique que représentent ces divisions publiques, Sonko a choisi de recadrer fermement ses troupes, tout en restant dans un registre d’apaisement. S’il a reconnu l’existence de « différends » au sein du camp patriote, il a insisté sur le fait qu’ils ne devaient pas « nous diviser ».
Le message est double : d’un côté, il reconnaît que des frustrations existent, que la base s’impatiente et que certains choix du pouvoir dérangent ; de l’autre, il rappelle que la relation entre lui et Diomaye reste, officiellement, fondée sur la confiance et la complémentarité. Les huées, en creux, deviennent une alerte adressée à la fois au président et au parti, mais Sonko les transforme en appel au calme, au dialogue et à la discipline militante.
Candidature, loyauté et équilibre fragile au sommet
En réaffirmant sa capacité à être candidat à l’avenir tout en recadrant ceux qui sifflent Diomaye, Sonko cherche à maintenir un équilibre délicat : rester le leader charismatique et mobilisateur de la base sans apparaître comme un rival direct de l’actuel chef de l’État.Le sous-texte politique est clair : la base patriote veut Sonko candidat, Diomaye est président en exercice, et le parti doit éviter que cette tension ne se transforme en fracture ouverte. Les huées au Grand Théâtre montrent que ce risque est réel. La réponse de Sonko – à la fois rassurante sur sa propre trajectoire et protectrice envers Diomaye – vise justement à contenir cette dérive.
En conclusion, la Journée des martyrs aura été bien plus qu’une cérémonie mémorielle : elle a servi de thermomètre politique. Sonko y a testé sa capacité à reprendre l’initiative sur la question de sa candidature, tout en mesurant l’impatience de sa base vis-à-vis du président Diomaye. Reste à savoir si l’appel à la cohésion et au « différend qui ne doit pas diviser » suffira à maintenir, durablement, l’unité d’un camp qui regarde déjà vers 2029.
