Une interpellation controversée à l’AIBD
La convocation de M. Ndour intervient après son interception à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Paris. Il a été informé sur place d’une interdiction de sortie du territoire (IST) et conduit au Commissariat spécial, avant d’être transféré à la SR vers 3h du matin.Dans un communiqué, Pape Malick Ndour a dénoncé une procédure illégale, évoquant une tentative d’humiliation politique :
« Il s’agit d’un enlèvement et d’une tentative manifeste d’humiliation, sur fond de manipulation politique et de pressions exercées sur les forces de défense et de sécurité », a-t-il déclaré.
Des accusations qu’il rejette fermement
L’ancien ministre nie toute implication dans les faits reprochés :« Je ne connais pas mon accusateur. Quel intérêt aurais-je eu à m’en prendre à lui ? », s’est-il interrogé, qualifiant les accusations de “fantasmes” et affirmant qu’il est prêt à répondre devant la justice.Il conteste également la légalité de la procédure, en invoquant le privilège de juridiction réservé aux anciens ministres :
« Pour entendre un ancien ministre, il faut passer par l’Assemblée nationale et la Haute Cour de justice », a-t-il rappelé.
Une enquête nationale sur les violences politiques
Cette convocation s’inscrit dans une enquête judiciaire d’envergure, lancée par le ministère de la Justice pour faire la lumière sur les violences politiques entre 2021 et 2024, qui ont coûté la vie à au moins 80 personnes. Les faits visés incluent des meurtres, actes de torture, et crimes contre l’humanité.Plusieurs personnalités de l’ancien régime sont citées dans les plaintes, dont Antoine Félix Diome, ex-ministre de l’Intérieur, et le général Moussa Fall, ancien haut commandant de la Gendarmerie.
Justice transitionnelle ou chasse aux sorcières ?
Alors que le gouvernement actuel affirme sa volonté de vérité et de justice, certains observateurs appellent à la prudence, pour éviter une justice perçue comme revancharde ou sélective.La convocation de Pape Malick Ndour marque une étape importante dans la quête de justice pour les victimes des violences politiques. Elle soulève toutefois des questions juridiques et politiques sur la conduite des procédures et le respect des droits fondamentaux.
