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Talla Sylla: «Sans autorité légitime, le dialogue se brise, la violence peut émerger»

POLITIQUE
Mercredi 23 Juillet 2025

Talla Sylla: «Sans autorité légitime, le dialogue se brise, la violence peut émerger»

M. Sylla, vous avez récemment déclaré que le Sénégal est confronté à une crise d’autorité plus qu’une simple crise. Pouvez-vous préciser ce que vous entendez par là et pourquoi cela nécessite une réponse urgente ?"

Une crise d'autorité : plus qu'une simple crise, une urgence nationale. Ce que j'entends par une crise d'autorité, c'est une érosion profonde de la confiance des citoyens envers les institutions et ceux qui les incarnent. Quand les règles ne sont plus respectées, quand la parole publique perd de sa valeur, et quand les contre-pouvoirs sont affaiblis, on ne parle plus d'une simple crise, mais d'une désintégration progressive de l'ordre républicain. M. Ousmane Sonko a lui-même confirmé le "problème fondamental d'autorité" au Sénégal, ce qui souligne l'ampleur du défi. Cette situation est urgente car elle menace la stabilité même de notre nation. Sans autorité légitime, le dialogue se brise, la violence peut émerger, et le développement économique et social est compromis. Il est impératif d'agir vite pour restaurer les fondements de notre République et éviter une dérive aux conséquences imprévisibles.

Vous évoquez trois piliers de l’autorité : divine/populaire, constitutionnelle et présidentielle. Pensez-vous que ces piliers sont aujourd’hui négligés ? Si oui, comment restaurer leur crédibilité ?"
Les piliers de l'autorité : négligés mais pas irréversibles Effectivement, je constate avec regret que les trois piliers de l'autorité – divine/populaire, constitutionnelle et présidentielle – ont été mis à mal ces dernières années. * L'autorité divine et populaire, qui puise sa légitimité dans la volonté du peuple et les valeurs partagées, est affaiblie par le manque de consultation et le sentiment de non-écoute. Le verdict des urnes, massivement exprimé en mars 2024, est souverain et doit être respecté par tous. * L'autorité constitutionnelle et légale, socle de notre État de droit, est minée par des interprétations opportunistes et la tentation de passer outre les garde-fous démocratiques. Nul n'est au-dessus de la Loi fondamentale.

L'autorité présidentielle, garant de l'unité nationale et de la bonne marche des institutions, est affaiblie lorsque la parole présidentielle perd de sa force rassembleuse et que la confiance dans le leadership s'effrite, notamment lorsque des divergences, qui auraient dû rester internes, sont rendues publiques. C'est par un décret présidentiel que le Premier ministre a été nommé, marquant une hiérarchie institutionnelle claire. Pour restaurer leur crédibilité, il faut d'abord un retour à l'exemplarité. Les dirigeants doivent être les premiers à respecter les lois et les institutions. Ensuite, il est crucial de renforcer la démocratie participative, d'écouter davantage les citoyens et de prendre en compte leurs préoccupations. Enfin, il est indispensable de garantir l'indépendance des institutions et de protéger la Constitution de toute tentative de manipulation.

Vous avez appelé au respect des symboles républicains, en réponse aux propos d’Ousmane Sonko sur le ‘problème d’autorité’. Est-ce un désaveu personnel ou une demande d’unité nationale ?"
Respect des symboles républicains : un appel à l'unité nationale. Mon appel au respect des symboles républicains n'est absolument pas un désaveu personnel envers qui que ce soit, mais une demande pressante d'unité nationale. Quand j'ai entendu les propos de M. Sonko sur le "problème d'autorité", ma réaction a été de rappeler que la République, ses symboles et ses institutions nous dépassent tous. Ils sont le ciment de notre nation. Le parti Jëf Jël, qui a toujours été à l'avant-garde des combats pour les libertés et l'approfondissement de la démocratie, considère que la solution est simple et limpide : accepter la volonté du peuple exprimée par le vote et se soumettre à la hiérarchie des institutions, telle que prévue par notre Constitution, nos lois et nos règlements.

Il s'agit de dire que, quelles que soient nos divergences politiques, nous avons un devoir commun de préserver les fondements de notre République. Attaquer les symboles, c'est fragiliser le corps national tout entier. Mon message est donc un appel à la responsabilité collective et à la primauté de l'intérêt supérieur de la nation sur les considérations partisanes.

Vous avez mis en garde contre les attaques contre la société civile, la presse, les magistrats et les démocrates, en les assimilant à une volonté de faire taire les contre-pouvoirs. Quelles mesures concrètes proposez-vous pour les protéger ?"
Protéger les contre-pouvoirs : des mesures concrètes Les attaques contre la société civile, la presse, les magistrats et les démocrates sont inacceptables car elles visent à faire taire les contre-pouvoirs, essentiels à toute démocratie saine. Jëf Jël dénonce avec la plus grande fermeté toute tentative de saper les fondements mêmes de notre République. De telles attaques, comme celles attribuées à un ministre de la République incitant à l'insulte, sont une faute grave et alimentent une escalade des tensions. Pour les protéger, je propose des mesures concrètes :

 Renforcer le cadre légal : Mettre en place des lois plus protectrices pour les journalistes, garantir l'indépendance financière et fonctionnelle de la justice, et assurer un cadre juridique clair pour les organisations de la société civile, les protégeant de toute intimidation ou restriction arbitraire.

Exemplarité des dirigeants : Tout représentant de l'État a le devoir d'exemplarité. Sa parole doit être un vecteur de sérénité, de rassemblement et de respect mutuel, et non un catalyseur de division ou de violence verbale.

Soutien aux organisations : Soutenir activement les organisations de défense des droits humains, de la liberté de la presse et de la société civile, y compris par un appui institutionnel et, si nécessaire, financier. * Éducation civique et numérique : Sensibiliser le public à l'importance des contre-pouvoirs et de la critique constructive. Introduire dès le plus jeune âge une éducation aux médias et à l'information adaptée à nos réalités culturelles, pour former des citoyens numériques conscients et responsables.

 Régulation éthique des plateformes : Exiger une modération plus efficace et une plus grande transparence des plateformes numériques pour qu'elles ne soient plus des boulevards pour les discours toxiques.

Vous appelez à l’unité des forces vives pour ‘sauvegarder les acquis démocratiques’. Comment envisagez-vous cette coalition, et quels acteurs doivent en faire partie selon vous ?"
L'unité des forces vives : une coalition pour la refondation L'appel à l'unité des forces vives pour "sauvegarder les acquis démocratiques" est au coeur de ma démarche. J'envisage une coalition large et inclusive, transcendant les clivages politiques habituels. Cette coalition ne doit pas être un simple cartel électoral, mais un mouvement de fond pour la refondation de la République. Jëf Jël se tiendra toujours, sans réserve, aux côtés de tous ceux qui défendent les libertés, la démocratie et le respect inconditionnel des institutions. Les acteurs qui doivent en faire partie sont :
Les partis politiques progressistes et républicains qui partagent une vision commune de la démocratie et du développement. * Les organisations de la société civile (syndicats, associations de jeunes, de femmes, de défense des droits humains) qui sont les voix des citoyens.
 Les intellectuels, universitaires et experts dont l'éclairage est essentiel pour des réformes éclairées.
La diaspora, force vive de la nation, souvent à l'avant-garde des combats démocratiques.
 Les chefs religieux et coutumiers, pour leur rôle d'apaisement et de rassemblement. Il s'agit de construire un front commun autour de valeurs et d'objectifs partagés, au-delà des intérêts partisans étroits, car les Sénégalais ont mis fin de manière définitive à l'ère du "parti-État" et ne permettront jamais l'instauration d'un "homme-État".

Après avoir retiré votre candidature en 2024 au profit d’une démarche de rassemblement, quelle stratégie concrète pour la ‘refondation de la République’ que vous appelez de vos voeux ?"
Stratégie concrète pour la "refondation de la République" Mon retrait de la candidature en 2024 au profit d'une démarche de rassemblement était précisément un acte fort pour privilégier l'intérêt supérieur du Sénégal. Jëf Jël, en tant que sentinelle vigilante pour la République, a veillé scrupuleusement au respect des principes fondamentaux de notre démocratie et a alerté sur les risques de l'instabilité. La stratégie concrète pour la "refondation de la République" que j'appelle de mes voeux s'articule autour de plusieurs axes : Lancer un dialogue franc et sincère, sans tabou, entre toutes les forces vives de la nation pour identifier les problèmes et trouver des solutions consensuelles. * Réformes institutionnelles : Mener des réformes profondes pour renforcer l'indépendance de la justice, moderniser l'administration, décentraliser réellement le pouvoir et améliorer la représentativité des institutions. * Restauration de l'État de droit : Veiller scrupuleusement au respect de la Constitution, des lois et des décisions de justice. Le Président de la République a l'obligation solennelle de faire respecter les implications de son serment. * Éducation citoyenne et aux médias : Mettre l'accent sur l'éducation civique dès le plus jeune âge pour inculquer les valeurs républicaines et démocratiques, et former des citoyens numériques conscients et responsables. Développement économique et social inclusif : Lutter contre les inégalités, créer des opportunités pour la jeunesse, développer l'agriculture et l'industrie locale pour une souveraineté économique accrue. Le Sénégal ne peut pas se permettre le luxe d'une instabilité au sein de son exécutif. * Moralisation de la vie publique : Lutter sans merci contre la corruption et promouvoir la transparence à tous les niveaux. Cette stratégie exige une vision à long terme et un engagement collectif fort.

Avez-vous déjà une position sur la présidentielle 2029 ? Envisagez-vous un retour en tant que candidat, ou souhaitez-vous porter un projet collectif à travers Jëf-Jël ?"
Un projet collectif avant tout Concernant la présidentielle 2029, ma position est claire : l'heure n'est pas aux ambitions personnelles, mais à la construction d'un projet collectif solide. Mon engagement à travers Jëf Jël est de porter une vision, des idées et une méthode pour la "refondation de la République". Mon objectif premier est de contribuer à l'émergence d'un leadership collectif capable de répondre aux défis du Sénégal. Que cela se traduise par une candidature personnelle si les circonstances l'exigent et que ma contribution est jugée la plus pertinente, ou par le soutien à un autre profil qui incarne les valeurs et le projet que nous défendons, l'essentiel est de porter un projet républicain et progressiste. L'avenir dira quelle forme prendra mon engagement, mais il sera toujours au service du Sénégal et fidèle aux principes républicains et à l'impératif de la stabilité institutionnelle.

Vous avez affirmé : « La République, rien que la République ! ». Quels seraient pour vous les engagements prioritaires d’un futur gouvernement soucieux de restaurer l’autorité républicaine ?"
Engagements prioritaires d'un futur gouvernement pour restaurer l'autorité républicaine Si j'affirme « La République, rien que la République ! », c'est parce que le retour à ses principes est la clé de voûte de notre avenir. Les engagements prioritaires d'un futur gouvernement soucieux de restaurer l'autorité républicaine devraient être : Gouvernance exemplaire : Le président et son gouvernement doivent être les premiers garants du respect des lois, de la probité et de l'éthique. Cela passe par la transparence, la reddition des comptes et une lutte implacable contre la corruption. Un ministre, en tant que représentant de l'État, a le devoir d'exemplarité. Indépendance de la justice : Renforcer l'indépendance du pouvoir judiciaire, lui donner les moyens nécessaires pour fonctionner et garantir l'impartialité de ses décisions, sans aucune interférence du pouvoir exécutif. * Liberté de la presse et d'expression : Protéger et garantir pleinement la liberté de la presse et d'expression, conditions sine qua non d'une démocratie saine et d'un contre-pouvoir efficace. La liberté d'expression ne saurait être un prétexte à l'incitation à la haine, à la diffamation ou à la violence. La création d'une dualité ou des dérapages verbaux ne peuvent qu'entraver les actions essentielles en faveur du développement socio-économique. Instituer des mécanismes permanents de dialogue avec l'ensemble des forces vives (syndicats, société civile, opposition) pour anticiper et résoudre les crises. Renforcement de l'administration publique : Dépolitiser l'administration, la rendre plus efficace, plus transparente et plus proche des citoyens. Sécurité et ordre public républicain : Assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens dans le respect des droits humains, en formant des forces de défense et de sécurité républicaines et professionnelles.

Enfin, si vous aviez un message à laisser aux Sénégalais ce soir, en tant que leader d’un parti-progressiste, quel serait-il pour assurer un Sénégal stable, juste et démocratique ?"
Message aux Sénégalais : un Sénégal stable, juste et démocratique Mes chers compatriotes sénégalais, En tant que leader d'un parti progressiste, mon message est un appel à la responsabilité collective et à la confiance en notre destin commun. Le Sénégal est à un carrefour de son histoire. Pour assurer un avenir stable, juste et démocratique, nous devons nous rappeler les fondamentaux qui ont fait la force de notre nation. Jëf Jël se positionne comme une sentinelle vigilante, prête à louer ce qui élève la Nation et à dénoncer ce qui la dessert. Nous devons bâtir ensemble, dans le respect de nos différences, un projet de société où chaque Sénégalais, où qu'il se trouve, se sente à sa place. Cela passe par la restauration de l'autorité de l'État dans le respect des droits humains, une justice équitable et indépendante pour tous, et une gouvernance transparente qui met fin à l'impunité et à la corruption. Nous devons investir massivement dans notre jeunesse, leur offrir des opportunités d'éducation, de formation et d'emploi dignes. Nous devons protéger les plus vulnérables et réduire les inégalités criantes.

Enfin, je vous exhorte à privilégier le dialogue à la confrontation, l'unité à la division, et à toujours placer l'intérêt supérieur de la nation au-dessus de tout. L'avenir du Sénégal dépend de notre capacité à nous rassembler autour des valeurs de la République : Liberté, Démocratie, Solidarité et Progrès. Le Rwanda nous a tragiquement rappelé que le chaos peut naître des mots, des rumeurs, des divisions alimentées. L'Afrique doit trouver sa propre voie pour que le numérique serve à renforcer la Communauté, et non à la défaire. Restons unis, restons vigilants, et bâtissons ensemble le Sénégal que nous méritons. Que la paix et la prospérité règnent sur notre cher Sénégal



1.Posté par Youssou DIOP le 23/07/2025 14:30
Encore un grand merci au Président Talla SYLLA. Le JËF JËL a été de tous les combats démocratiques dans notre pays. Vous le confirmer encore par la constance de votre engagement.

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