L’ancien ministre et président de l’Alliance pour la paix et le développement (APD), Thierno Lô, a vivement critiqué la gouvernance actuelle, estimant que le principal danger pour le Sénégal vient du parti au pouvoir, et non de l’opposition.
“Les dérives viennent de l’intérieur du pouvoir”
Dans une déclaration sans détour, Thierno Lô dénonce les tensions internes et les contradictions qui minent la coalition au pouvoir.
“Les discours radicaux, les injonctions populistes, les attaques contre la justice et les forces de sécurité proviennent de responsables du parti au pouvoir. Certains refusent toute reddition des comptes lorsqu’elle touche un militant ‘historique’, d’autres exigent des passe-droits au nom du passé militant”, affirme-t-il.
Selon lui, ces comportements menacent la stabilité du pays et mettent à mal les valeurs républicaines.
“Un parti pris au piège de ses contradictions”
Pour Thierno Lô, le véritable nœud du problème réside dans le fonctionnement du parti majoritaire, paralysé par des rivalités internes et un rapport ambigu entre le président et son Premier ministre.
“Le plus grand problème du Sénégal aujourd’hui n’est pas l’opposition, c’est le parti au pouvoir lui-même. Son mode de fonctionnement, ses contradictions internes et la confusion autour du binôme issu du fameux ‘ticket présidentiel’ plongent l’État dans une zone d’incertitude institutionnelle inédite.”
L’ancien ministre rappelle que ce “ticket” politique n’a aucune base constitutionnelle :
“Le pouvoir exécutif est un et indivisible. Le décret reste l’instrument central de l’action présidentielle.”
“Détruire pour régner : une stratégie à double tranchant”
Thierno Lô estime que Pastef a bâti sa victoire sur une logique de rupture et de confrontation.
“Son credo implicite était simple : ‘détruire pour prendre le pouvoir et reconstruire’. Cette stratégie a permis la chute du régime précédent, mais elle a laissé des séquelles profondes : un rapport difficile à l’autorité, un mépris affiché des institutions et une exaltation permanente de la confrontation.”
Il souligne que de nombreux militants refusent aujourd’hui d’admettre la hiérarchie républicaine, estimant que le parti doit diriger l’État, alors que “c’est l’État qui doit encadrer le parti”.
“L’État doit rester fort et respecté”
Thierno Lô appelle enfin à un sursaut de responsabilité.
“Le Sénégal ne peut pas se permettre de sombrer dans la confusion entre légitimité militante et autorité institutionnelle. L’État doit rester fort, impartial et respecté.”
Avec cette sortie, l’ancien ministre envoie un signal fort : selon lui, la menace ne vient pas des opposants, mais de la tentation autoritaire et des divisions internes du pouvoir.