
"Dans la configuration actuelle, il est impossible de poursuivre les gens pour enrichissement illicite parce que Macky Sall a mis en place un système de blocage. Nous sommes engagés dans une entreprise nationale de changement". P"Nous redressons économiquement le pays. Mais imaginez un Sénégal en 2029 où la question de la justice resterait irrésolue. Ce serait inacceptable", a-t-il insisté. Rejetant toute idée de vengeance, il souligne : "Si nous étions animés par l’esprit de revanche, cela ferait longtemps que les membres du gouvernement précédent seraient derrière les barreaux, comme cela avait été fait contre nous. Or nous respectons le droit." Selon lui, la confiance du peuple repose sur trois principes fondamentaux : "le jubb (la droiture), le jubbel (l'engagement) et le jubbanti (la rectitude)".
Justice et redressement économique : un double impératif
Bodiang estime que la relance économique doit s’accompagner d’une justice rigoureuse, notamment en réponse aux scandales passés impliquant l’OFNAC. Il déplore que d'anciens dirigeants, responsables selon lui d’années de malversations et de répression, paradent aujourd'hui dans les médias sans avoir été inquiétés : "Un pays ne peut pas avancer avec autant de criminels dans les rues." Il rappelle que, sous l'ancien régime, un système de répression ciblée avait été mis en place contre les militants de Pastef, et dénonce des pratiques financières douteuses : "Un DAGE a pu sortir 150 millions de francs CFA pour éviter la prison. Personnellement, je n'aurais pas pu aligner une telle somme du jour au lendemain."
Waly Diouf Bodiang accuse l'ancien président Macky Sall d’avoir préparé sa sortie en bloquant les mécanismes de lutte contre l'enrichissement illicite. Il explique que Macky Sall a supprimé la CREI (Cour de Répression de l'Enrichissement Illicite) et transféré ses compétences à l’OFNAC, tout en plaçant à sa tête Serigne Bassirou Guèye, garantissant selon lui l’impunité pour six ans. "Le transfert de la compétence à l'OFNAC empêche aujourd’hui toute poursuite pour enrichissement illicite. C'était une stratégie pour protéger ses proches", affirme-t-il.
Quelle solution : réformer ou dissoudre l’OFNAC ?
Pour Waly Diouf Bodiang, deux options sont sur la table : Réformer l’OFNAC en transférant les compétences en matière d’enrichissement illicite au Parquet financier. Dissoudre l’OFNAC purement et simplement pour repartir sur des bases saines. Il insiste : "On ne peut pas développer un pays sans justice. Tant que les criminels économiques continueront à influencer la scène politique, nous serons freinés." Enfin, Bodiang critique une opposition qu'il juge illégitime, manipulée et soutenue par d'anciens acteurs du pouvoir : "Nos principaux opposants actuels portent en eux les germes des délits passés. L’opposition doit être politique, pas fondée sur la haine ou la vengeance."