La convocation du chroniqueur Badara Gadiaga, ce mercredi 9 juillet à la Division spéciale de la cybercriminalité, a ravivé les tensions autour de la liberté d’expression au Sénégal. Elle survient au lendemain de l’audition du journaliste Madiambal Diagne, également entendu dans le cadre d’une polémique liée à une émission télévisée. Face à ce qu’ils considèrent comme une dérive inquiétante, les acteurs de la société civile montent au créneau pour dénoncer un climat de répression et d’intimidation.
C’est par une vidéo diffusée sur ses réseaux sociaux que Badara Gadiaga a informé l’opinion de sa convocation :
« Je vais répondre à cette convocation. Je ne suis pas comme Ousmane Sonko qui avait fui sa convocation. »
Le chroniqueur affirme n’avoir fait que répliquer à une attaque du député Amadou Bâ, membre de la majorité présidentielle, sur le plateau de Jakarlo. Il dénonce une instrumentalisation de la justice à des fins politiques, notamment en soulignant que la procédure n’a été enclenchée qu’après les protestations du camp présidentiel.
« Je préfère cent ans de prison dans la dignité à une seconde de liberté », a-t-il lancé.
Madiambal Diagne : “Ils veulent me faire taire”
À l’issue de sa propre audition, le journaliste Madiambal Diagne a dénoncé un ciblage politique :
« Je n’aurais pas dû être convoqué, et Badara Gadiaga non plus. Celui qui devrait l’être, c’est le député Amadou Bâ. »
Birahim Seck : “Les priorités sont ailleurs”
Le coordonnateur du Forum Civil, présent aux côtés de Madiambal Diagne, a dénoncé un abus de pouvoir manifeste :
« Le pouvoir de Pastef multiplie les erreurs. Ce n’est pas ainsi qu’on gouverne. Les priorités sont économiques et sociales. »
Il refuse que les citoyens soient intimidés :
« Permettre à ceux au pouvoir de parler librement tout en bâillonnant les autres, ce n’est pas de la démocratie. »
Alioune Tine : “Ce n’est pas au procureur de faire la police des idées”
Le fondateur d’Afrika Jom Center alerte :
« Le procureur et la cybercriminalité ne sont pas habilités à arbitrer les joutes verbales du débat démocratique. »
Il met en garde contre l’effet boomerang d’une éventuelle arrestation de Gadiaga, qui pourrait en faire une figure de résistance, comme Ousmane Sonko à ses débuts.
