Dans une lettre adressée au Premier ministre le 29 avril dernier, un employé de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD SA), Abdoulaye Mbaye, dénonce ce qu’il qualifie de « pratiques marquées par le favoritisme, l’incompétence et un mépris flagrant » de la part du Directeur général, Cheikh Mamadou Abiboulaye Dièye. Le document, parvenu à notre rédaction, appelle à une « intervention immédiate » de l’État face à ce qu’il considère comme « des agissements qui frisent le scandale ».
Des accusations de recrutement partisan et de gestion personnelle des filiales
Selon l’auteur de la lettre, le directeur de l’AIBD aurait recruté, sans transparence ni justification, plus d’une vingtaine de personnes issues de son entourage politique et familial — militants, proches et sympathisants du FSD/BJ, son parti d’origine. Il lui est également reproché d’avoir renouvelé les contrats de jeunes stagiaires, parfois encore en licence, avec la promesse de leur accorder un contrat à durée indéterminée.
« Il a bloqué des avantages sociaux légitimes pour les employés, tout en plaçant ses proches à des postes stratégiques au sein des filiales de l’AIBD », écrit le plaignant. Il cite notamment les nominations de M. Abdoulaye Thiombane à AIBD Immo, de M. Bamba Fall à AIBD Ingénierie, des frères Faye à la régie publicitaire, et du Dr Issakha Mbaye à la tête d’un centre médical d’urgence.
Ces choix seraient, selon la lettre, dictés par des logiques de copinage, dans le but de « préparer une retraite dorée » pour le Directeur général, qui atteindra l’âge légal de la retraite en novembre 2025.
Autre grief soulevé : l’engagement de projets jugés non prioritaires, tels qu’un champ solaire, un centre médical ou encore une régie publicitaire, sans validation du Conseil d’administration ni étude de faisabilité. « M. Dièye agit sans cadre stratégique, en contradiction avec les orientations du ministère des Transports », martèle le courrier.
La direction de l’AIBD dénonce une campagne de désinformation
Contactée, la Direction générale de l’AIBD SA a fermement rejeté ces accusations, qualifiant les propos relayés de « pure désinformation ». Dans un communiqué, elle déplore une instrumentalisation des difficultés actuelles, malgré « plusieurs semaines de concertation avec les partenaires sociaux ».
Reconnaissant toutefois les défis structurels auxquels l’AIBD est confrontée, la direction évoque les conséquences d’« une mauvaise gestion héritée depuis 2020 ». Elle assure que des mesures correctives ont été enclenchées dans une dynamique de redressement financier et organisationnel.
« Pour sauver l’outil de travail, il fallait mettre fin aux recrutements fantaisistes du passé, réduire les charges et initier un plan de redressement. Tout autre débat est dilatoire », affirme le communiqué, ajoutant que « des efforts seront faits pour préserver l’emploi dans le respect des objectifs de rationalisation ».
Dans cette logique, la transformation de 19 agents en pompiers d’aérodrome et de gestion des risques animaliers est annoncée, dans le but de valoriser les ressources humaines disponibles. « L’urgence, aujourd’hui, c’est de restructurer l’AIBD, d’assurer sa viabilité, et de garantir une gouvernance axée sur la performance et l’intérêt public », conclut la direction.