La grève de 72 heures entamée cette semaine par les syndicats de la justice, notamment le SYTJUST et l’UNTJ, a provoqué une vive réaction du ministre de la Fonction publique et de la Réforme du service public, Olivier Boucal. Dans une sortie médiatique ce mercredi, le ministre a qualifié ce mouvement d’« inacceptable » et n’a pas hésité à parler de « chantage » exercé sur le gouvernement.
Un pacte de stabilité remis en question
Pour Olivier Boucal, la décision des syndicats de la justice de se mettre en grève, à peine deux mois après la signature d’un pacte de stabilité sociale, est une violation des engagements pris. « Tous ces syndicats sont signataires du pacte de stabilité sociale. Aujourd’hui, ils se retrouvent en porte-à-faux avec la réglementation et leurs propres engagements », a-t-il dénoncé. Selon lui, le gouvernement est actuellement en train d'élaborer, de concert avec les partenaires sociaux, le plan de mise en œuvre de ce pacte. Il affirme que les syndicats avaient eux-mêmes participé récemment à un atelier de travail à Saly, preuve selon lui de leur implication dans le processus.Le ministre a également insisté sur le fait que le dialogue reste ouvert, mais qu’il ne saurait accepter des formes de pression qu’il juge « déraisonnables ». « Nous trouverons une solution autour de la table. Mais faire pression sur le gouvernement ne marchera pas », a-t-il martelé.
La réplique ferme des syndicats
Dans un communiqué conjoint, le SYTJUST et l’UNTJ ont réagi avec fermeté aux propos du ministre. Ils estiment que qualifier leur mouvement de grève de « chantage » traduit une « légèreté » dans l’appréciation des causes profondes de leur mobilisation.Les syndicats rappellent que la signature du pacte de stabilité sociale ne saurait en aucun cas suspendre ou annuler le droit de grève, droit fondamental garanti par la Constitution du Sénégal et par les conventions internationales auxquelles le pays a adhéré. Ils estiment qu’un responsable gouvernemental de ce rang aurait dû mesurer la portée de ses propos et privilégier des discussions directes avec les syndicats concernés.
Pour les grévistes, le ministre aurait dû convoquer une réunion de concertation dès la réception des premiers préavis de grève en février 2025, plutôt que de multiplier les déclarations dans les médias.
Un dialogue social sous tension
Les syndicats de la justice réaffirment leur attachement au respect des droits des travailleurs, à la dignité des conditions de travail et à la recherche de solutions durables dans l’intérêt du service public et de la stabilité sociale.Cette tension entre le gouvernement et les syndicats de la justice rappelle que malgré les engagements pris à travers les pactes sociaux, la gestion des revendications des travailleurs reste un exercice délicat, nécessitant un dialogue permanent, sincère et respectueux des droits syndicaux.
La suite des événements dépendra sans doute de la capacité des deux parties à renouer rapidement le fil de la concertation pour éviter une nouvelle escalade dans le secteur de la justice.