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Guy Marius Sagna suscite la controverse après son soutien au régime de Ouagadougou

INTERNATIONAL
Mercredi 14 Mai 2025

 

Vêtu d’un Faso Dan Fani, symbole de solidarité panafricaine, le député sénégalais Guy Marius Sagna s’est rendu à l’ambassade du Burkina Faso à Dakar pour exprimer son soutien au président Ibrahim Traoré et réaffirmer son engagement anti-impérialiste. Dans une lettre adressée au chef de l’État burkinabè, le parlementaire de Pastef dénonce ce qu’il considère comme une guerre « imposée par l’impérialisme international » et fustige l’usage de « terroristes et séparatistes manipulés par des puissances étrangères ».

Selon lui, les régimes militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger incarnent une volonté des peuples de rompre avec l’ordre néocolonial. Il distingue les coups d’État dictés par l’impérialisme de ceux qui, selon lui, « parachèvent les mobilisations populaires en faveur de la souveraineté réelle ». Il condamne également ce qu’il qualifie de « duplicité des impérialistes et de leurs relais médiatiques».

Mais cette sortie n’a pas tardé à susciter une vive indignation parmi des activistes et journalistes burkinabè, notamment ceux exilés ou détenus dans leur propre pays. Beaucoup voyaient en Guy Marius Sagna un allié dans leur lutte pour les libertés. Son déplacement à l’ambassade et ses propos ont été perçus comme une trahison douloureuse.

L’un d’eux, proche de Guy Hervé Kam – avocat détenu depuis plusieurs mois pour avoir défendu Ousmane Sonko – confie :

« Il nous a poignardés dans le dos. Il a oublié que Me Kam, qui a défendu Pastef ici au Sénégal, croupit encore dans les prisons du pouvoir qu’il soutient aujourd’hui. »

D'autres, plus acerbes, dénoncent une prise de position en contradiction totale avec les valeurs démocratiques que Sagna prétend incarner :

« Peut-on soutenir un régime qui interdit les partis politiques, muselle la presse, et jette en prison de simples citoyens pour un like sur Facebook ? »

Un journaliste burkinabè exilé ajoute, amer :

« Il y a des silences qui honorent et des gestes qui déshonorent. Se tenir aux côtés de l’ambassadeur d’un régime qui emprisonne, exile et terrorise ses opposants, c’est insulter la mémoire des victimes et la dignité des familles brisées. »

Le bilan répressif évoqué est lourd :

  • Plus d’une douzaine de journalistes portés disparus ou enlevés sous le régime de Traoré.
  • Près d’une vingtaine en exil, craignant pour leur vie.
  • Des partis politiques interdits, des OSC surveillées, et des citoyens enrôlés de force ou emprisonnés pour de simples publications en ligne.

Un témoignage bouleversant évoque le sort d’une mère de journaliste de 85 ans, diabétique, expulsée de chez elle, privée de soins et de ses petits-enfants, enlevés pour le seul fait d’être les neveux d’un journaliste critique.

« Voilà le visage du sankarisme selon Ibrahim Traoré : s’en prendre à une vieille dame analphabète pour faire taire son fils. Et pendant qu’elle dort dehors, Guy Marius Sagna, lui, salue ses bourreaux. »

Enfin, un autre activiste s’interroge :

« Comment peut-on invoquer l’héritage de Sankara et soutenir un régime qui, contre la volonté de sa famille, a enterré ses restes dans une opération politique maquillée en hommage ? »

La déception est à la hauteur de l’attente, surtout de la part d’un homme considéré jusque-là comme une figure de la lutte contre l’injustice au Sénégal. « Guy Marius Sagna a choisi son camp », conclut un exilé. « Ce n’est pas celui des opprimés. L’histoire, elle, n’oubliera pas. »

Par souci de sécurité, les identités de certains témoins ont été volontairement anonymisées par Le Quotidien.


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